Bonjour les mésanges,
Le mois de janvier n’est pas encore terminé mais je suis déjà de retour pour vous parler de trois nouveaux livres…
Chavirer de Lola Lafon. Actes sud (clic)
Il est des livres que j’ajoute sur ma PAL tant le monde autour de moi ne semble parler que de cela.
Il m’arrive de découvrir ainsi de véritables pépites, la plus récente étant La carte postale d’Anne Berest. (clic)
Chavirer. Un mot court, impactant et intriguant.
Du même auteur, j’avais beaucoup aimé La petite communiste qui ne souriait jamais, histoire de la célèbre gymnase Nadia Comaneci, qui m’avait fait rêver gamine. (clic)
Disons ici que la pioche n’est pas aussi bonne.
Je me suis interrogée sur les motivations de l’auteure. Pourquoi inventer une histoire de jeunes filles victimes d’un piège sexuel sur fond de rêve de réussite et brosser le portrait de l’une d’elles Cléo qui devient un temps complice de ce piège. Pourquoi la fiction alors que les témoignages et récits personnels se multiplient. L’idée était d’évoquer l’emprise et ces prisons de silence qui enferment malgré elles les victimes qui ne savent comment s’en sortir et dont les corps et les esprits sont marqués pour des années.
Bien évidemment il est essentiel de parler des abus sexuels. On n’en parlera jamais assez et il primordial de rendre audible la parole des victimes.
Malheureusement l’ensemble est plutôt décousu. Le début m’a entrainée et puis j’ai un peu freiné des sabots pour terminer ma lecture. Dommage car le récit de l’évolution de Cléo dans le monde de la danse est très interessant. Pour moi cela ne fonctionne pas. Je suis passée à côté.
Bélhazar de Jérôme Chantreau. Phébus. (clic)
C’est l’histoire de la mort tragique et dans des conditions très étranges d’un adolescent de 18 ans lors d’une interpellation policière dont l’auteur va tenter, dans un premier temps, de percer le mystère. Cet adolescent c’est Antoine, Bélhazar de son deuxième prénom, ancien élève de l’auteur.
Cette enquête nous permet de découvrir Bélhazar, un être fantasque, solaire, surdoué et créatif.
Le genre de personne qu’on aimerait croiser une fois dans sa vie.
Ici de nouveau tout est vrai et les faits incroyables semblent dépasser la fiction.
Est-ce que l’histoire seule peut faire un bon livre?
A mon sens oui, en grande partie et ici la personnalité de Bélhazar et son histoire, c’est de l’or en barre.
Ce récit nous raconte à la fois l’histoire de Bélhazar, l’histoire du livre et l’enquête menée par l’auteur.
La fin du roman connait un virage un peu déroutant, un débordement délirant comme écrit sous substance illicite mais l’ensemble reste passionnant.
Le quai de Ouistreham de Florence Aubenas. Éditions de l’Olivier. 2010 (clic)
Comme souvent j’aime savoir ce qui pousse les auteur.es à écrire sur tel ou tel sujet et j’aime me pencher sur leurs motivations. Je trouve que cela enrichit la lecture et la réflexion. Après cette lecture j’ai écouté plusieurs émissions. La volonté de l’auteure était ici de faire son métier de journaliste autrement. De parler de la crise, cette crise qui n’en finit plus et qui revêt différents visages, d’une autre façon.
Du poste où elle était, grand reporter, sa vision de la crise était confuse. Elle a eu envie d’y aller voir de plus prés afin de témoigner de l’intérieur.
Elle a pour cela choisi la technique de l’immersion en mode incognito en devant chômeuse en recherche d’un poste de femme de ménage à Caen, avec comme point final à l’expérience l’obtention d’un CDI.
Ce moyen d’investigation journalistique n’est pas inédit, mais est ici mené par un personnage connu bénéficiant d’une grande notoriété qui permit au livre de connaitre un fort retentissement médiatique et cela est tant mieux.
Son but était de comprendre la vie ordinaire en partageant le quotidien et en s’immergeant dans la « vraie vie », celle des précaires. Outch, je sens comme un petit pois sous mon matelas. Cela devient une peu inconfortable. (Allons voir comment vivent les précaires). .
En refermant le livre, je me suis demandé (et me demande toujours) à qui est destiné ce livre. Le public ciblé a t-il vraiment pris la peine de lire? Dévoiler la réalité du travail précaire en France, rendre visible l’invisible, l’intention est louable mais je reste très perplexe et un peu dérangée. Je suis consciente qu’il existe malheureusment un gap énorme entre la réalité du travail en France et ce qui est perçu.
J’ai lu ce livre car j’ai eu un vrai coup de cœur pour L’inconnu de la poste et j’avais en envie d’en découvrir davantage. Bien sûr ici nous ne sommes pas en présence d’un roman, ce n’est pas non plus un reportage classique mais davantage un récit, un livre d’auteur. Je regrette malgré tout que les différents personnages soient insuffisamment incarnés et très rapidement catalogués. Je n’ai ressenti aucune authenticité et je n’ai pas retrouvé l’empathie qui transpirait à chaque page de L’inconnu de la poste. Le rythme est trainant, les chapitres se succèdent sans réelle dynamique, plombés par une écriture très factuelle.
Je souhaitais également aller voir l’adaptation ciné de Emmanuel Carrère car je suis toujours curieuse de découvrir ce qu’il entreprend mais force est de constater que j’ai changé d’avis…
A bientôt pour de nouvelles aventures livresques!
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