Lectures janv22 #1

Bonjour les mésanges,

Le mois de janvier n’est pas encore terminé mais je suis déjà de retour pour vous parler de trois nouveaux livres…
jan22

Chavirer de Lola Lafon. Actes sud (clic)
CVT_Chavirer_256Il est des livres que j’ajoute sur ma PAL tant le monde autour de moi ne semble parler que de cela.
Il m’arrive de découvrir ainsi de véritables pépites, la plus récente étant La carte postale d’Anne Berest. (clic)
Chavirer. Un mot court, impactant et intriguant.
Du même auteur, j’avais beaucoup aimé La petite communiste qui ne souriait jamais, histoire de la célèbre gymnase Nadia Comaneci, qui m’avait fait rêver gamine. (clic)
Disons ici que la pioche n’est pas aussi bonne.
Je me suis interrogée sur les motivations de l’auteure. Pourquoi inventer une histoire de jeunes filles victimes d’un piège sexuel sur fond de rêve de réussite et brosser le portrait de l’une d’elles Cléo qui devient un temps complice de ce piège. Pourquoi la fiction alors que les témoignages et récits personnels se multiplient. L’idée était d’évoquer l’emprise et ces prisons de silence qui enferment malgré elles les victimes qui ne savent comment s’en sortir et dont les corps et les esprits sont marqués pour des années.
Bien évidemment il est essentiel de parler des abus sexuels. On n’en parlera jamais assez  et il primordial de rendre audible la parole des victimes.
Malheureusement l’ensemble est plutôt décousu. Le début m’a entrainée et puis j’ai un peu freiné des sabots pour terminer ma lecture. Dommage car le récit de l’évolution de Cléo dans le monde de la danse est très interessant. Pour moi cela ne fonctionne pas. Je suis passée à côté.

Bélhazar de Jérôme Chantreau. Phébus. (clic)
bélhazarC’est l’histoire de la mort tragique et dans des conditions très étranges d’un adolescent de 18 ans lors d’une interpellation policière dont l’auteur va tenter, dans un premier temps, de percer le mystère. Cet adolescent c’est Antoine, Bélhazar de son deuxième prénom, ancien élève de l’auteur.
Cette enquête nous permet de découvrir Bélhazar, un être fantasque, solaire, surdoué et créatif.
Le genre de personne qu’on aimerait croiser une fois dans sa vie.
Ici de nouveau tout est vrai et les faits incroyables semblent dépasser la fiction.
Est-ce que l’histoire seule peut faire un bon livre?
A mon sens oui, en grande partie et ici la personnalité de Bélhazar et son histoire, c’est de l’or en barre.
Ce récit nous raconte à la fois l’histoire de Bélhazar, l’histoire du livre  et l’enquête menée par l’auteur.
La fin du roman connait un virage un peu déroutant, un débordement délirant comme écrit sous substance illicite mais l’ensemble reste passionnant.

Le quai de Ouistreham de Florence Aubenas. Éditions de l’Olivier. 2010 (clic)
ouistrehamComme souvent j’aime savoir ce qui pousse les auteur.es à écrire sur tel ou tel sujet et j’aime me pencher sur leurs motivations. Je trouve que cela enrichit la lecture et la réflexion. Après cette lecture j’ai écouté plusieurs émissions. La volonté de l’auteure était ici de faire son métier de journaliste autrement.  De parler de la crise, cette crise qui n’en finit plus et qui revêt différents visages, d’une autre façon.
Du poste où elle était, grand reporter, sa vision de la crise était confuse. Elle a eu envie d’y aller voir de plus prés afin de témoigner de l’intérieur.
Elle a pour cela choisi  la technique de l’immersion en mode incognito en devant chômeuse en recherche d’un poste de femme de ménage à Caen, avec comme point final à l’expérience l’obtention d’un CDI.
Ce moyen d’investigation journalistique n’est pas inédit, mais est  ici mené par un personnage connu bénéficiant d’une grande notoriété qui permit au livre de connaitre un fort retentissement médiatique et cela est tant mieux.
Son but était de comprendre la vie ordinaire en partageant le quotidien et en s’immergeant dans la « vraie vie », celle des précaires. Outch, je sens comme un petit pois sous mon matelas. Cela devient une peu inconfortable. (Allons voir comment vivent les précaires).  .
En refermant le livre, je me suis demandé (et me demande toujours) à qui est destiné ce livre.  Le public ciblé a t-il vraiment pris la peine de lire? Dévoiler la réalité du travail précaire en France, rendre visible l’invisible, l’intention est louable mais je reste très perplexe et un peu dérangée. Je suis consciente qu’il existe malheureusment un gap énorme entre la réalité du travail en France et ce qui est perçu.
J’ai lu ce livre car j’ai eu un vrai coup de cœur pour L’inconnu de la poste et j’avais en envie d’en découvrir davantage. Bien sûr ici nous ne sommes pas en présence d’un roman, ce n’est pas non plus un reportage classique mais davantage un récit, un livre d’auteur.  Je regrette malgré tout que les différents personnages soient insuffisamment incarnés et très rapidement catalogués. Je n’ai ressenti aucune authenticité et je n’ai pas retrouvé l’empathie qui transpirait à chaque page de L’inconnu de la poste. Le rythme est trainant, les chapitres se succèdent sans réelle dynamique, plombés par une écriture très factuelle.
Je souhaitais également aller voir l’adaptation ciné de Emmanuel Carrère car je suis toujours curieuse de découvrir ce qu’il entreprend mais force est de constater que j’ai changé d’avis…

A bientôt pour de nouvelles aventures livresques!

12 réponses à “Lectures janv22 #1”

  1. Avatar de Fine

    Je vous trouve bien courageuse de lire toutes ces histoires dramatiques, personnellement elles ne me tentent pas, surtout après avoir lu « La carte Postale », j’ai vraiment besoin de quelque chose de plus léger, de plus « feelgood » qui réchauffe le coeur et comme on est au mois de janvier, qu’il fait un froid de canard et que le plafond est bas, plombant la lumière, de quelque chose de plus fun pour réchauffer le corps dans un plaid sur mon canapé. En ce moment un bon petit pavé de John Irving : « Dernière nuit à Twisted River », son 12ème roman qui m’emmène dans les grands espaces nord américains avec une relation père-fils comme sait les écrire cet auteur que j’aime beaucoup. Bonne journée et bon plaisir de lecture. Fine

    1. Avatar de allmadehere
      allmadehere

      Bonjour ! Les thématiques sont effectivement dures. Je fonctionne par cycle et là il faut croire que les enquêtes/faits divers soient au programme ^^ . Cependant Bélhasar n’est pas du tout un livre glauque ou déprimant. Il m’a fait l’effet inverse et m’a laissé une jolie impression d’avoir découvert un personnage lumineux. Je n’ai jamais lu John Irving mais il n’est pas trop tard. Quel roman me conseillez-vous?

  2. Avatar de lounatine

    Merci pour ce partage! J’avoue n’en connaître aucun, même si je connais les deux auteures de nom (pas l’auteur).
    Bonne lecture!

    1. Avatar de allmadehere
      allmadehere

      J’ai découvert Jérôme Chantreau avec ce livre. Les réservations dans les médiathèques de quartiers se multiplient, je suis pour l’instant bien approvisionnée. j’attends le prochain coup de cœur! Bonne lecture et merci d’être passée par ici.

  3. Avatar de pas@pasdechat

    La réalité dépasse bien souvent la fiction… Les « faits divers » me donnent des sueurs froides et ne me permettent pas passer à autre chose une fois le livre refermé. Finalement c’est assez confortable de se dire qu’un roman c’est « pour de faux ». J’ai lu « l’empreinte » de Alex Marzano-Lesnevich qui raconte son enfance abusée par son grand-père. C’est si bien écrit et si fin que 3 ans après, je peux encore ressentir mes émotions en lisant ce livre.
    Si je peux me permettre pour John Irving dont j’ai lu pas mal de titres, mes préférés restent « une prière pour Owen  » et « l’oeuvre de dieu, la part du diable ». Le dernier a été adapté au cinéma si je me souviens bien. Merci pour le partage de ces trois derniers ouvrages ! Bises.

    1. Avatar de allmadehere
      allmadehere

      Faits divers, fictions, tout dépend du sujet et de la qualité de son traitement. J’ai longtemps cru que le roman était mon genre préféré mais grâce à certains auteurs j’ai élargi mon cercle ^^. Je suis clairement dans un cycle ( il faut dire aussi que la production littéraire s’empare de plus en plus de faits réels), comme souvent cela me passera. Merci pour ces deux conseils. Je les ai notés et ajoutés à ma liste. A bientôt!

  4. Avatar de Fine

    Je rejoins Pasdechat ces deux titres sont vraiment formidable, mais celui qui a vraiment fait connaître Irving c’est « Le Monde selon Garp » que je vous recommande chaudement. Il y a beaucoup de générosité, de chaleur humaine dans ces histoires qui sont des histoires fortes avec des gens singuliers à chaque fois. Bonne lecture. Fine.

    1. Avatar de allmadehere
      allmadehere

      Merci beaucoup pour tous ces conseils! Bonne lecture et à bientôt.

  5. Avatar de Eugenia
    Eugenia

    Vous lissez beaucoup! Je ne connais pas ces livres mais Florence Aubenas jouit d’une grande notoriété. Je viens de commencer Porca miseria de Tonino Benacquista, en français et non traduit de l’italien parce qu’il s’agit d’une famille migrante. Le ton est personnel, presque poétique et l’auteur m’a fait changer la perception que j’avais de Vitry sur Seine.

    1. Avatar de allmadehere
      allmadehere

      2021 a été une très bonne année lecture. En 2022 j’ai ajouté les livres audios qui me permettent de tricoter et de découvrir un livre. Je connais Tonino Benacquista d’après un seul livre lu « Quelqu »un d’autre » qu’on m’avait survendu et qui m’ avait déçue mais la chronique familiale que vous évoquée semble beaucoup plus intéressante. Merci d’être passée par ici.

  6. Avatar de Aurélie

    Je ne connais aucun des trois, mais Bélhazar me fait bien envie. Hop dans la liste de lectures qui n’en finit pas de s’allonger 🙂
    Bisous

    1. Avatar de allmadehere
      allmadehere

      Comment faire avec toutes ces listes qui s’allongent! Je tricote en écoutant des livres audios maintenant, afin de marier les plaisirs et « lire » davantage. Bonne lecture!

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