Bonjour les mésanges,
Brrrrr fait froid!
Installez-vous confortablement, on va causer lectures…
On commence avec Dans la forêt, un roman d’anticipation de Jean Hegland publié en 1996 aux USA mais qui resta inédit en France jusqu’en 2017. Il aura fallu 20 ans pour que ce petit bijou nous parvienne. Tout vient à point à qui sait attendre.
Nous sommes en Californie du nord dans un futur proche, dans une maison située au cœur de la forêt à 50 kms du premier village. Le monde que nous connaissons change, toutes les technologies que nous considérions comme acquises cessent de fonctionner : électricité, téléphone, internet…Les raisons de ce chaos ne sont pas clairement explicitées. Les stations service et les supermarchés ne sont plus réapprovisionnés, les écoles ferment. Progressivement toutes les formes d’organisation sociale semblent disparaitre. Une épidémie impitoyable fait des carnages, les catastrophes naturelles se multiplient. Voilà pour la toile de fond apocalyptique. Le récit se concentre sur deux adolescentes, deux sœurs qui ne perçoivent au départ que des échos lointains de ces événements. Ces dernières vont se retrouver livrées à elles-mêmes au cœur de cette forêt isolée et vont devoir interagir avec la nature et leur environnement afin de faire face aux nouveaux défis imposés par ces changements. L’enjeu est de taille: survivre.
Le récit est puissant mais il est également plein de poésie. L’ambiance créée est tendue. C’est une lecture marquante qui nous interroge. De quoi avons-nous vraiment besoin au final?
Je suis persuadée que vous ne considérerez plus vos sachets de thé de la même façon après cette lecture.
Rien où poser sa tête de Françoise Frenkel.
Ce livre, récit d’une fuite, a été publié en 1945 par une maison d’édition suisse puis a sombré dans l’oubli avant sa redécouverte fortuite dans un vide-grenier des Compagnons d’Emmaüs à Nice et sa nouvelle publication en 2010.
De l’auteure, on ne sait que très peu de chose.
Qu’elle est née en Pologne en 1899, qu’elle est francophone et francophile et qu’elle choisit d’ouvrir à Berlin la première librairie française au début des années 20.
Après quelques années d’activité, elle sent monter les menaces avec l’arrivée au pouvoir, en 1933, du parti nazi, et la promulgation, deux ans plus tard, des lois raciales de Nuremberg. Sa situation devient alors de plus en plus difficile. En juillet 1939 elle quitte la ville en catastrophe et abandonne sa librairie pour Paris où elle espère trouver refuge, mais arrive dans la capitale quelques jours seulement avant le début de la seconde guerre mondiale. Après Paris, elle mène un périple de femme traquée qui la conduira à Avignon, Vichy, Nice et Annecy.
Ce livre est le récit du quotidien. L’histoire d’une survie au jour le jour. Un récit qui interpelle par son incroyable et parfois déstabilisant détachement et la justesse de son ton. Un témoignage précieux.
Après avoir eu un grand coup de cœur le mois dernier pour Hôtel du Grand cerf de Franz Bartlet, j’ai ouvert un autre de ses romans: Le testament américain.
Véritable ovni littéraire dans lequel un milliardaire américain lègue aux habitants du village français qui l’a vu naître, à la faveur d’un accident, d’avion un extravagant cimetière.
Vous avez bien lu. Une tombe par habitant. Disons plutôt un bijou architectural car Clébac Darouin de son petit nom improbable, n’a pas fait dans la demi-mesure. Ce sont de somptueux et vastes caveaux qui attendent les villageois après leur trépas. Le hic est que ces derniers vont décider de profiter de ces luxueuses installations de leur vivant et s’installer dans leur futur tombeau, après avoir fait installer eau, électricité et toutes commodités indispensables.
Ce roman est déjanté, les propos sont souvent grivois. L’ensemble est truculent, c’est une grande farce qui transgresse tout sur son passage et qui m’a bien fait rire mais qui ne plaira pas à tous. Je pense que le Capitiane Haddock le traiterait d’iconoclaste. Moi je vais récidiver et me plonger dans un troisième roman. Je partage avec vous ces bons mots « L’ombre de l’échelle est condamnée à être derrière les barreaux ».
Avec le dernier livre du mois j’ai atteint le Reading challenge que je m’étais fixé pour l’année avec un mois d’avance, soit 35 livres au compteur pour 2017. (clic)
Ce dernier livre c’est un peu Noël avant l’heure puisqu’il s’agit du dernier roman de Marc Dugain, Ils vont tuer Robert Kennedy (attention spoiler, cette histoire finit mal…huhuhu), un de mes auteurs favoris dont je vous ai déjà parlé ici, ici ou ici.
Dans ce livre qui mêle enquête de terrain et fiction, Marc Dugain revient sur la conspiration d’intérêts qui selon lui a abouti au coup d’état clandestin que fut le meurtre de JFK. Il tente de démêler les fils emmêlés que forment l’affaire de Cuba et ses conséquences dans les relations entre JFK, l’armée, la CIA, les anti-castristes et la mafia. Il s’intéresse plus en détails au plus jeune mâle du clan Kennedy, Bobby, frère cadet pétri d’admiration pour son grand frère à qui il s’est entièrement dévoué, et examine à la loupe son assassinat.
On va pas se mentir, cette nébuleuse qu’il tente d’éclairer est extrêmement intéressante sur le point romanesque. Mais comme le dit l’auteur: »Mon livre est d’abord un roman et je connais trop bien les thèses complotistes pour ne pas tomber dedans. Je fais un travail d’investigation dont je me sers ensuite pour écrire une histoire très romanesque ».
Il mêle à l’histoire américaine une pure fiction, ici l’enquête d’un universitaire canadien persuadé que la mort des ses parents est liée à celle des Kennedy, qui à côté de Robert est le second personnage central du roman. Comme souvent la construction est habile mais j’avoue que cette partie m’a beaucoup moins interessée.
Marc Dugain sonde de nouveau les arcanes du pouvoir ainsi que le rapport de l’Amérique au mensonge et son récit est passionnant alors que le thème est rebattu. Ce que j’aime chez lui c’est sa sagacité et son acuité. La fin du livre m’a déçue mais n’a pas gâché mon plaisir.
Ce n’est pas un livre que je conseillerai à tous car il faut porter un minimum d’intérêt à la période pour y trouver son compte.
Et voilà!
A bientôt,
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