Bonjour les colibris,
Le temps est déjà venu de faire le bilan des lectures du mois.
Allez, c’est parti!
J’ai commencé ce joli mois de mai par la lecture inspirée du Bureau des Jardins et des Étangs de Didier Decoin.
Nous sommes au Japon, au XIIe siècle. Katsuro, le mari de Miyuki, exerce un métier honorable mais dangereux : il capture les plus belles carpes de la rivière Kusagawa destinées à garnir les bassins de la cité impériale (je pourrais vous parler des heures du symbolisme des poissons en Asie et de la carpe en particulier mais ce n’est pas le sujet ^^). Ce métier est rentable uniquement si l’on se charge à la fois de la capture des poissons et de leur acheminement jusqu’aux temples. Quand on sait que les 3/4 des billets à ordre reçus en paiement de ce travail reviennent au village et représentent l’essentiel des subsides dont vivent les habitants, on comprend l’importance du rôle de ce pêcheur fournisseur des étangs sacrés.
Oui mais voilà, les chemins qui mènent aux coins à carpes sont souvent périlleux et que dire des retours lorsqu’il faut à tout prix maintenir en équilibre sur ses épaules la perche qui soutient les paniers en osier débordant d’eau et des carpes dodues et frétillantes…
A la mort de son mari, Miyuki relève le défi d’amener les dernières carpes pêchées par Katsuro au directeur du Bureau des Jardins et des Étangs. Un acte courageux d’amour pur, réalisé pour honorer la mémoire de celui qu’elle aimait passionnément. Ce voyage de plusieurs centaines de kilomètres se révélera pour le moins périlleux pour Miyuki qui n’est jamais sortie de son village. Elle se laissera guider par les souvenirs des récits de son mari qui l’accompagnera constamment en pensées et en rêves.
Ce livre est un merveilleux voyage en plein cœur du Japon médiéval shintoïste, rempli d’odeurs, de couleurs et de croyances. Je vous conseille vivement ce récit poétique et très sensuel qui s’apparente à un conte à la fois merveilleux et cruel et qui est une magnifique déclaration d’amour.
Une lecture captivante et totalement dépaysante.
Sur les conseils insistants d’un collègue, j’ai enchaîné avec Marche ou crève de Richard Bachman, plus connu sous le nom de Stephen King, livre publié en 1979 mais écrit 10 ans auparavant. Après 22.11.1963 (ici) et RoadMaster (ici), je continue la découverte de cet auteur.
Chaque année une longue marche réunissant cent jeunes gens volontaires tirés au sort est organisée et chapeautée par LE commandant et promet au dernier marcheur survivant le GRAND prix, à savoir tout ce qu’il voudra. Survivant? Yeap. Les participants ne doivent pas descendre en dessous de la vitesse de 6 kms heure et en aucun cas s’arrêter sous peine de recevoir un avertissement. Trois avertissements et c’est la mort. Cette marche est suivie et observée par des milliers de spectateurs qui se placent le long des routes comme on s’installerait dans notre canap’ devant un bon film. Une foule le plus souvent délirante qui harangue les concurrents de manière parfois violente.
On ne sait pas vraiment pourquoi cette marche est organisée si ce n’est que 99 garçons vont mourir avant que le récit ne se termine. Garraty est l’un des participants et c’est à travers lui que nous suivons cette marche macabre.
Ma première impression a été de trouver que le récit manquait de souffle. L’intrigue m’ennuyait et j’ai fini par me désintéresser totalement du sort des participants et terminé rapidement ma lecture. J’ajoute qu’à aucun moment je ne me suis identifiée aux participants. Une lecture au premier degré dont j’ai un peu honte. S’arrêter sur ce ressenti n’aurait pas été très malin.
Aussi quelques jours après avoir refermé le livre, j’ai pris le temps de réfléchir (cela m’arrive parfois) aux intentions de l’auteur et à la métaphore de cette histoire (la guerre, son absurdité, le manque de justifications des conflits, les méthodes de recrutement dans l’armée, le voyeurisme grandissant de nos sociétés…). Cela a changé ma vision des choses et m’a ouvert les yeux sur la symbolique de cette histoire et de ces protagonistes qui se sont progressivement transformés en automates inhumains et insensibles au point de pratiquement piétiner sans remord le cadavre de leurs camarades dans le seul but de continuer à avancer.
Je termine avec un autre roman de Didier Decoin Est-ce ainsi que les femmes meurent?
Un livre choquant et dérangeant qui fait froid dans le dos.
Il relate l’insoutenable atrocité du meurtre de Catherine Kitty Genovese qui a durablement marqué la conscience collective américaine. Cette jeune femme a été attaquée, violée puis poignardée à mort au pied de son immeuble, victime non seulement d’un monstre mais surtout du silence des voisins, témoins du crime. Ces derniers ayant été frappés de passivité, d’indifférence et/ou d’inertie impensables et injustifiables. En effet il est ressorti de l’enquête que tous les témoins interrogés par la police avaient au moins entendu ses cris de détresse. Leur passivité (12 témoins visuels et auditifs recensés!) est devenu un cas d’école qui est entré dans les annales de la psychologie sous le nom de Syndrome Kitty Genovese.
J’ai lu ce livre comme j’aurais regardé un documentaire. J’ai ainsi appris que la non-assistance à personne en danger n’est pas un délit au regard de la juridiction américaine et qu’à l’époque du meurtre le 911 n’existait pas encore. Cette affaire est l’une des raisons qui ont poussé à la création de ce numéro.
Un livre qui laisse un goût amer. Âmes sensibles s’abstenir.
Trois romans complétement différents qui ont nourri mon appétit de lectrice.
Sans surprise, j’ai encore et toujours faim, que me proposez-vous ? ^^
J’avance progressivement et espère atteindre mon Reading Challenge (clic).
A bientôt!
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