Bilan lecture mars-avril

Par Posté dans - Livres le 01 mai 2016 20 Commentaires

Bonjour les moineaux,

Comme je l'avais un peu pressenti, je n'ai pas réussi à m'en tenir au bilan mensuel. Ce n'est pas bien grave. Je n'ai pas vraiment eu le temps de lire durant le mois de mars du coup, c'est aussi bien de vous présenter un bilan couplé.
Allez, c'est parti!
bilan 3

La joie de vivre d'Émile Zola.

Girlie Cinéphilie a rapidement évoqué ce roman, en réponse à mon bilan lecture 2015. Il ne m'en a pas fallu davantage pour le mettre sur ma liste.
La joie de vivre E.ZolaPauline devenue orpheline, est recueillie par des cousins, les Chanteau.
Pauline est bonne, honnête et dévouée en toutes circonstances.
C'est un peu agaçant. Madame Chanteau est calculatrice et manipulatrice. C'est très horripilant. Monsieur Chanteau est quant à lui cloué dans sa chaise longue pour cause de crises de goutte abominablement douloureuses et dont la récurrence éreinte le pauvre bonhomme. Ses plaintes incessantes empêchent d'ailleurs la chatte, Minouche, de ronronner en paix. C'est malheureux. Puis vient Lazare, le fils. Musicien contrarié qui multiplie les fausses bonnes idées, véritables gouffres financiers dans lesquels il fonce tête baissée dans le but inavoué de combler le vide abyssal de son existence. Il est dévoré progressivement pas son oisiveté et par sa peur obsessionnelle de la mort. Conséquemment il n'a peu à peu plus le goût pour rien. C'est déroutant (et un peu énervant). Il y a Véronique, la bonne un peu bourrue qui n'a pas la langue dans sa poche. Et enfin Louise, coquette et maigrichonne, un poil plus âgé que Louise, qui se retrouve très souvent en visite chez les Chanteau et qui se laisse farcir le cerveau par Madame et ses manigances...Ah j'oubliais, un dernier personnage omniprésent et obsédant: la mer: le récit se déroule dans un petit village de pécheurs en Normandie.
La lecture m'a parfois mise dans un état de révolte furieuse. Bon j'exagère, d'exaspération indignée ^^. Ce roman c'est l'histoire de blessures, de dévotion et de sacrifice. Il est question de néant et d’ennui. Mais...
Teasing de fou, je n'en dirai pas plus.
Je tiens à souligner la fin du roman que j'ai trouvée remarquable. La dernière tirade fait mouche. Je suis restée scotchée. Une autre phrase du livre m'a également bien fait méditer: "Pauline souriait, approuvait de la tête, car le bonheur, selon elle, ne dépendait ni des gens ni des choses, mais de la façon raisonnable dont on s’accommodait aux choses et aux gens". Épatante cette Pauline. Un véritable Bodhisattva. Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un livre de Zola. J'avais beaucoup aimé Le ventre de Paris et Au bonheur des Dames.
Ici j'ai trouvé le registre différent, le cadre plus intimiste voire un peu étouffant et le développement moins linéaire. Le rythme du récit est à l'image de celui de la vie des personnages: ici le temps se distend, s'allonge.

Le testament Français de Andreï Makine

Makine-Andrei-Le-Testament-Francais-Livre-924263472_MLCe livre d'inspiration autobiographique a obtenu le prix Goncourt, le Goncourt des Lycéens et le prix Médicis en 1995. L'auteur, russe, a écrit ce roman dans une langue qui n'est pas la sienne: le français. Cette langue c'est celle de sa grand-mère maternelle, personnage central du roman. Aliocha est le petit-fils et le narrateur de ce récit. Sa grand-mère, cette "française de Sibérie qui parlait un russe parfait alors qu'elle était née à Neuilly sur Seine", a nourri ses petits enfants (Aliocha et sa sœur) d'histoires et de souvenirs de France leur donnant ainsi accès à une autre culture, notamment à la littérature française. C'est durant les vacances estivales passées chez elle à Saranza, et essentiellement au cours des longues soirées sur le balcon, qu'elle leur lit des livres français et évoque son enfance parisienne. Les étés se succèdent et ces récits envoûtent le petit garçon qui se construit un passé idéalisé et une France rêvée. Il développe une nostalgie de la France qui lui est alors et pourtant encore inconnue. Ils parcourent le XXe siècle et revisitent les grands évènements de la France mais également ceux de la Russie. Puis progressivement ces récits vont perdre de leur mysticisme. L'enfant devient un adolescent. A l'école il découvre une autre France, une autre Russie. Confrontation identitaire et questionnements l'assaillent. Il est tiraillé entre deux patries, ne sait pas comment être lui-même et s'oppose à cette double identité.
Ce n'est que dans le dernière partie du récit, alors qu'il aura émigré en France qu'il réussira à se réconcilier avec lui-même.

J'avoue ne pas avoir été touchée par ce roman. C'est remarquablement bien écrit, la structure de la narration est complexe et intéressante mais cette lecture m'a laissée indifférente.

3 jours et une vie de Pierre Lemaitre

Pierre Lemaitre renoue ici avec le roman noir après  Au revoir, là-haut dont je vous avais parlé ici.
Moi qui achète peu de livres et suis plutôt du genre à multiplier les réservations dans les médiathèques, j'ai craqué et j'ai rapidement acheté ce nouveau livre.
3 jours et une vieCe livre est un roman noir et non un roman policier comme l'indique l'auteur car on sait tout de suite qui a commis le meurtre.
Et ce qui va déranger c'est que c'est un enfant, Antoine 12 ans dont la vie va bousculer en quelques secondes après que ce dernier ait tué accidentellement Rémi, 6 ans, dont il va cacher le corps. Le crime et son protagoniste sont connus. Le suspense est ailleurs.
Le lecteur ne cherche pas au fil des pages qui a tué mais assiste impuissant au "comment". Comment Antoine va-t'il vivre avec ce drame, ce secret insupportable, extrêmement lourd à porter pour ces petites épaules d'enfant. Doit-il avouer ou non? Cette question ne cesse de le torturer. Doit-il dire la vérité, se confier et se soulager la conscience? Car bien évidemment, Antoine n'est pas dupe, toute disparition d'enfant engendre une enquête.
Que va t'il se passer? Que faut-il faire? Les indices vont-ils finalement orienter les policiers vers Antoine, voisin du petit Rémi? Va t'il réussir à mentir si on l'interroge? Que va-t'il dire à sa mère?

Le roman met d'emblée mal à l'aise et place le lecteur dans une position ambivalente et inconfortable. Ce dernier souhaite que la lumière soit faite sur ce meurtre afin que les proches puissent faire leur deuil et dans le même temps ne veut pas que la vérité soit mise à jour et la culpabilité d'Antoine révélée car il n'arrive pas à condamner un enfant, victime d'un malheureux accident. C'est ce qui est particulièrement bien fait et ficelé dans le récit. Le lecteur qui est au parfum depuis le départ et complice involontaire de l'auteur, tremble pour... l'assassin.
Un page-turner efficace.

Les impudents de Marguerite Duras

les_impudents

Les impudents est le premier livre de Marguerite Duras, publié en 1943.
L'action se déroule au départ à Paris puis très vite dans le sud ouest de la France, dans le Quercy. On y suit la famille Taneran-Grant composée de la mère, des deux fils et d'une fille.
Monsieur Taneran (très peu présent dans le roman) a épousé en secondes noces Madame Grant qui avait déjà deux enfants, Jacques et Maud. De leur union naquit un fils, Henri. Cette  famille ne fait pas rêver. N'y cherchez pas l'unité et la cohésion. Chacun apparaît à la fois bien seul et dévoré par les autres. Les tensions sont nombreuses. Bref c'est ambiance-ambiance à la maison. Jacques le frère est le parangon de l'oisiveté. Il m'a fait un peu penser à Lazare, pour ceux qui suivent ^^ mais en bien pire. C'est un être assez abject qui a constamment besoin d’argent et le dépense à vitesse grand V. Joueur invétéré, il engloutit l'argent familial. Il est trop aimé par sa mère possessive et un poil dépressive, et craint par le reste de la famille. Il faut dire qu'il y'a de quoi.
Cet amour dévorant entre la mère et son aîné exclut les deux autres enfants de l'amour maternel. La famille se retrouve donc dans le Quercy afin de mettre de l'ordre dans le domaine familial (hérité du père défunt), abandonné depuis longtemps. Sa mauvaise gestion ne ramène pratiquement aucun denier à la famille, qui au vu des agissements du frère aîné, aurait bien besoin de revenus complémentaires. Ces terres sont convoitées par Madame Pécresse, qui rêve de voir son fils en devenir propriétaire. L'idée d'un mariage entre ce dernier et Maud lui vient rapidement en tête...
Voilà pour le pitch.

Je suis bien en peine pour vous commenter ce roman qui m'a un peu déstabilisée et me laisse perplexe. Je ne savais pas à quoi m'attendre, ne connaissant pas du tout l'auteure, et le résultat est que je ne sais pas trop quoi en penser. Je pense que c'est le genre de lecture qui a besoin d'infuser. Cela ne vous avance guère, je le reconnais. Cependant sachez que ce livre parle du désœuvrement, de l'ennui et des interrogations sur la vacuité de l'existence. Encore.
J'ai décidé de lire dans l'ordre les romans de Marguerite Duras. C'est mon défi littéraire du moment. J'espère être davantage loquace par la suite.

Je termine rapidement avec Crans-Montana de  Monica Sabolo.
Crans MontanaDans les années 60 à Crans-Montana, une station de ski huppée suisse, des garçons observent de loin trois jeunes filles inséparables et fascinantes qui alimentent tous leurs fantasmes: Chris, Charlie et Claudia. Ces dernières entourées d'une aura mystérieuse promènent leur nonchalance pendant les vacances d’été et celles d’hiver. Les années passent, aucun d’entre-eux n'osent les aborder mais leurs souvenirs les poursuivront longtemps. La plume est légère et évoque (de nouveau mais ce n'est pas volontaire il faut croire que c'était LA thématique) la vacuité de l'existence, les espoirs qui se délitent chez cette jeunesse qualifiée de dorée et à qui tout semblait être offert. L'ensemble du récit baigne dans une atmosphère envoûtante, une sorte de brume éthérée qui rend le tout un peu flou. Un peu comme dans le Virgin Suicides de Sofia Coppola.
La lecture est facile et agréable. Rien de plus pour moi. Sans m'être ennuyée je n'ai ni voyagé, ni été transportée ou bouleversée.

Maintenant vous savez très bien ce qui va se passer.
Je vais vous demander de partager avec moi vos coups de cœur et de me laisser des tas de pistes de lecture que je me ferai un plaisir de creuser.

A bientôt!

(20) commentaires

  • samsha - Répondre

    01 mai 2016 at 11:30

    « Trois jours et une vie » me tente beaucoup! Merci pour l’avis

    • allmadehere - Répondre

      01 mai 2016 at 21:01

      Merci d’être passée par ici.
      Tout le plaisir est pour moi mais je ne vois vois pas tes conseils lecture, humm? Ce n’est pas grave, je vais aller voir ce qui se dit sur ton blog…^^

  • Estelle - Répondre

    01 mai 2016 at 12:55

    Je n’ai lu aucun des livres mais ta revue a su m’intriguer…et ce Zola me fait de l’oeil !

    Estelle
    lalippequimurmure.fr

    • allmadehere - Répondre

      01 mai 2016 at 21:03

      Bonsoir & bienvenue!
      Je suis ravie d’avoir suscité ta curiosité. Il faudra revenir pour partager tes avis. A bientôt!

  • pas@pasdechat - Répondre

    01 mai 2016 at 13:22

    Je n’ai rien lu de nouveau , mais comme Estelle, le Zola me tente bien… Si je n’avais déjà une liste bien ambitieuse pour moi en ce moment ! J’aime lire tes avis et tu donnes envie de replonger dans le bouquin qui est en train de déprimer sur ma table de nuit.

    • allmadehere - Répondre

      01 mai 2016 at 21:07

      Chère Avalokitescoco,
      Pour ce qui concerne le Zola, je suis persuadée que le mot « Bodhisattva » fait résonance en toi.
      Je suis contente si grâce à moi, les pages du livre de la table de nuit se mettent de nouveau à tourner. Tu auras ainsi bientôt un livre à partager avec nous! ^^
      Bonne lecture & belle soirée.

  • Rose Prune - Répondre

    01 mai 2016 at 18:35

    La joie de vivre de Zola m’intéresserait bien.

  • Ortisse - Répondre

    01 mai 2016 at 23:38

    La joie de vivre est mon Zola préféré. Je l’avais lu au lycée (par plaisir et non par obligation scolaire ^^) trompée par le titre et j’avais été complètement envoutée, captivée par ce roman.
    En ce qui concerne les recommandations lecture, je suis actuellement en train de lire la dernière conquête du major Pettigrew mais je commence à peine alors… sinon dans la catégorie lecture légère et agréable j’ai beaucoup aimé l’appel du coucou de Robert Galbraith aka JK Rowling! Elle a une écriture très efficace, l’enquête que suit le privé est tout ce qu’il y a de classique mais j’ai passé un très bon moment de lecture.

    • allmadehere - Répondre

      02 mai 2016 at 07:34

      Hello,
      Enfin des recommandations et des nouvelles pistes à explorer! ^^
      Je te remercie pour ce partage et te souhaite une bonne journée et surtout de bonnes lectures!
      A bientôt

  • aurélie - Répondre

    02 mai 2016 at 09:45

    J’adore Zola, enfin ça dépend des périodes. Sinon il faut que je me mette à Pierre Lemaitre 🙂
    Gros bisous!

    • allmadehere - Répondre

      03 mai 2016 at 13:00

      Joli programme…
      Les premiers livres de Pierre Lemaître m’avaient fait froid dans le dos…Il a légèrement dévié depuis.
      Bonne lecture!

  • jules et philotte - Répondre

    03 mai 2016 at 12:02

    Je ne connais pas la moitié des livres que tu as lu !! Avec les beaux jours, je vais me remettre à la lecture alors merci pour ces découvertes 🙂

    • allmadehere - Répondre

      03 mai 2016 at 13:02

      Bonjour & bienvenue par ici,
      Je suis ravie si cet article a pu te donner quelques pistes de lecture à explorer. Il faudra repasser partager ton avis.
      Bonne lecture & à bientôt.

  • Girlie Cinéphilie - Répondre

    03 mai 2016 at 15:58

    Rhooo, je suis trop flattée de t’avoir inspiré cette lecture et je suis bien contente de voir que tu as aimé La joie de vivre. J’ai vraiment passé un moment fort avec ce livre, entre crainte et énervement, c’est vrai, pour cette pauvre Pauline. Et puis il y a ces pages merveilleuses, tu sais, celles de la « naissance », des pages qui m’ont fait pleurer (oui, Madame, sachez que quand mon cinéma en a marre de voir ses fauteuil se corroder au sel de mes larmes, je me venge sur ma bibliothèque) tant la description étaient vibrante. Même si la joie n’est pas toujours au menu de ce bouquin, on ne manque pas de « vivre ».
    J’avais lu le Testament français, et si je ne me souviens pas trop de l’histoire, je me souviens que j’avais plutôt bien aimé, mais mes souvenirs sont très flous. Je devrais prendre des notes, parce que j’ai l’impression que j’oublie beaucoup mes lectures…
    De mon côté, je me suis forcée à finir Les Ames rivales que j’ai proprement détesté (une gloubiboulga informe entre fantastique et policier). Mais je savoure petit bout par petit bout « Faillir être flingué » qu’une belle âme m’a offert, et qui est superbement écrit. Jamais le western n’a été aussi précieux. Merci merci!

    • allmadehere - Répondre

      04 mai 2016 at 07:50

      Hello,
      Je te remercie de m’avoir orientée sur la « Joie de vivre ». Ce fut une belle découverte et j’ai ainsi renoué avec Émile Zola avec qui j’avais, il y a un petit bout de temps, passé de très bons moments de lecture.
      Je suis ravie que « Failli être flingué » te plaise autant. C’est une de mes gros coups de cœur de ces dernières années et je suis heureuse de pouvoir le partager avec toi. Il faut dire que tu étais la cible idéale et je n’avais pas de gros doutes surtout depuis que je sais ce que tu penses de Deadwood. Bonne lecture!

  • cloc - Répondre

    05 mai 2016 at 15:55

    Oh Emile… J’aime bien ton résumé de la joie de vivre, mais du coup mes souvenirs s’emmêlent avec ceux d’un barrage contre le pacifique de Duras (qui m’avait un peu gonflée à l’époque)!
    Je suis en train de lire HHhH de Laurent Binet qui est fascinant, et je ne peux que te conseiller dans le désordre le plus absolu mes préférés de Zola: la terre (très très noir), la faute de l’abbé Mouret, Nana, la curée. C’est ceux que j’ai le plus relus. Et à l’aube de mes retrouvailles avec ma bibliothèque après 9 mois de séparation, je m’en vais en relire un ou deux!

    • allmadehere - Répondre

      05 mai 2016 at 18:37

      Aaaah c’est drôle! Je suis en train de lire Un barrage contre le Pacifique et cela me fait penser un peu à la Joie de vivre! (la lutte contre les éléments) mais en beaucoup moins bien et en beaucoup plus gonflant.^^
      Je ne suis pas étonnée pour HHhH. Je prends note de tes conseils et te remercie. Bonne lecture!

  • coralinelambert - Répondre

    12 mai 2016 at 21:30

    Mon Dieu la Joie de vivre… quelle tristesse! J’ai fait un mini-cycle Zola en début d’année. Si j’ai moyennement aimé le Ventre de Paris, relu et relu Au bonheur des dames et adoré Germinal, la Terre m’a soulevée le coeur. Ne le lis jamais avant de t’endormir! C’était abominable. Donc j’ai enchainé avec l’Allée du roi, un peu de douceur et de raffinement…

    • allmadehere - Répondre

      13 mai 2016 at 08:22

      Je suis justement en train de lire La terre.
      Et je lis généralement presque exclusivement avant de m’endormir.^^
      J’ai bien aimé l’Allée du roi, je dévore tout ce qui a attrait à cette période. Par contre en terme de raffinement, le XVIIème n’est pas en reste…Belle journée!

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