Bonjour les moineaux,
Comme je l’avais un peu pressenti, je n’ai pas réussi à m’en tenir au bilan mensuel. Ce n’est pas bien grave. Je n’ai pas vraiment eu le temps de lire durant le mois de mars du coup, c’est aussi bien de vous présenter un bilan couplé.
Allez, c’est parti!
La joie de vivre d’Émile Zola.
Girlie Cinéphilie a rapidement évoqué ce roman, en réponse à mon bilan lecture 2015. Il ne m’en a pas fallu davantage pour le mettre sur ma liste.
Pauline devenue orpheline, est recueillie par des cousins, les Chanteau.
Pauline est bonne, honnête et dévouée en toutes circonstances.
C’est un peu agaçant. Madame Chanteau est calculatrice et manipulatrice. C’est très horripilant. Monsieur Chanteau est quant à lui cloué dans sa chaise longue pour cause de crises de goutte abominablement douloureuses et dont la récurrence éreinte le pauvre bonhomme. Ses plaintes incessantes empêchent d’ailleurs la chatte, Minouche, de ronronner en paix. C’est malheureux. Puis vient Lazare, le fils. Musicien contrarié qui multiplie les fausses bonnes idées, véritables gouffres financiers dans lesquels il fonce tête baissée dans le but inavoué de combler le vide abyssal de son existence. Il est dévoré progressivement pas son oisiveté et par sa peur obsessionnelle de la mort. Conséquemment il n’a peu à peu plus le goût pour rien. C’est déroutant (et un peu énervant). Il y a Véronique, la bonne un peu bourrue qui n’a pas la langue dans sa poche. Et enfin Louise, coquette et maigrichonne, un poil plus âgé que Louise, qui se retrouve très souvent en visite chez les Chanteau et qui se laisse farcir le cerveau par Madame et ses manigances…Ah j’oubliais, un dernier personnage omniprésent et obsédant: la mer: le récit se déroule dans un petit village de pécheurs en Normandie.
La lecture m’a parfois mise dans un état de révolte furieuse. Bon j’exagère, d’exaspération indignée ^^. Ce roman c’est l’histoire de blessures, de dévotion et de sacrifice. Il est question de néant et d’ennui. Mais…
Teasing de fou, je n’en dirai pas plus.
Je tiens à souligner la fin du roman que j’ai trouvée remarquable. La dernière tirade fait mouche. Je suis restée scotchée. Une autre phrase du livre m’a également bien fait méditer: « Pauline souriait, approuvait de la tête, car le bonheur, selon elle, ne dépendait ni des gens ni des choses, mais de la façon raisonnable dont on s’accommodait aux choses et aux gens ». Épatante cette Pauline. Un véritable Bodhisattva. Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu un livre de Zola. J’avais beaucoup aimé Le ventre de Paris et Au bonheur des Dames.
Ici j’ai trouvé le registre différent, le cadre plus intimiste voire un peu étouffant et le développement moins linéaire. Le rythme du récit est à l’image de celui de la vie des personnages: ici le temps se distend, s’allonge.
Le testament Français de Andreï Makine
Ce livre d’inspiration autobiographique a obtenu le prix Goncourt, le Goncourt des Lycéens et le prix Médicis en 1995. L’auteur, russe, a écrit ce roman dans une langue qui n’est pas la sienne: le français. Cette langue c’est celle de sa grand-mère maternelle, personnage central du roman. Aliocha est le petit-fils et le narrateur de ce récit. Sa grand-mère, cette « française de Sibérie qui parlait un russe parfait alors qu’elle était née à Neuilly sur Seine », a nourri ses petits enfants (Aliocha et sa sœur) d’histoires et de souvenirs de France leur donnant ainsi accès à une autre culture, notamment à la littérature française. C’est durant les vacances estivales passées chez elle à Saranza, et essentiellement au cours des longues soirées sur le balcon, qu’elle leur lit des livres français et évoque son enfance parisienne. Les étés se succèdent et ces récits envoûtent le petit garçon qui se construit un passé idéalisé et une France rêvée. Il développe une nostalgie de la France qui lui est alors et pourtant encore inconnue. Ils parcourent le XXe siècle et revisitent les grands évènements de la France mais également ceux de la Russie. Puis progressivement ces récits vont perdre de leur mysticisme. L’enfant devient un adolescent. A l’école il découvre une autre France, une autre Russie. Confrontation identitaire et questionnements l’assaillent. Il est tiraillé entre deux patries, ne sait pas comment être lui-même et s’oppose à cette double identité.
Ce n’est que dans le dernière partie du récit, alors qu’il aura émigré en France qu’il réussira à se réconcilier avec lui-même.
J’avoue ne pas avoir été touchée par ce roman. C’est remarquablement bien écrit, la structure de la narration est complexe et intéressante mais cette lecture m’a laissée indifférente.
3 jours et une vie de Pierre Lemaitre
Pierre Lemaitre renoue ici avec le roman noir après Au revoir, là-haut dont je vous avais parlé ici.
Moi qui achète peu de livres et suis plutôt du genre à multiplier les réservations dans les médiathèques, j’ai craqué et j’ai rapidement acheté ce nouveau livre.
Ce livre est un roman noir et non un roman policier comme l’indique l’auteur car on sait tout de suite qui a commis le meurtre.
Et ce qui va déranger c’est que c’est un enfant, Antoine 12 ans dont la vie va bousculer en quelques secondes après que ce dernier ait tué accidentellement Rémi, 6 ans, dont il va cacher le corps. Le crime et son protagoniste sont connus. Le suspense est ailleurs.
Le lecteur ne cherche pas au fil des pages qui a tué mais assiste impuissant au « comment ». Comment Antoine va-t’il vivre avec ce drame, ce secret insupportable, extrêmement lourd à porter pour ces petites épaules d’enfant. Doit-il avouer ou non? Cette question ne cesse de le torturer. Doit-il dire la vérité, se confier et se soulager la conscience? Car bien évidemment, Antoine n’est pas dupe, toute disparition d’enfant engendre une enquête.
Que va t’il se passer? Que faut-il faire? Les indices vont-ils finalement orienter les policiers vers Antoine, voisin du petit Rémi? Va t’il réussir à mentir si on l’interroge? Que va-t’il dire à sa mère?
Le roman met d’emblée mal à l’aise et place le lecteur dans une position ambivalente et inconfortable. Ce dernier souhaite que la lumière soit faite sur ce meurtre afin que les proches puissent faire leur deuil et dans le même temps ne veut pas que la vérité soit mise à jour et la culpabilité d’Antoine révélée car il n’arrive pas à condamner un enfant, victime d’un malheureux accident. C’est ce qui est particulièrement bien fait et ficelé dans le récit. Le lecteur qui est au parfum depuis le départ et complice involontaire de l’auteur, tremble pour… l’assassin.
Un page-turner efficace.
Les impudents de Marguerite Duras
Les impudents est le premier livre de Marguerite Duras, publié en 1943.
L’action se déroule au départ à Paris puis très vite dans le sud ouest de la France, dans le Quercy. On y suit la famille Taneran-Grant composée de la mère, des deux fils et d’une fille.
Monsieur Taneran (très peu présent dans le roman) a épousé en secondes noces Madame Grant qui avait déjà deux enfants, Jacques et Maud. De leur union naquit un fils, Henri. Cette famille ne fait pas rêver. N’y cherchez pas l’unité et la cohésion. Chacun apparaît à la fois bien seul et dévoré par les autres. Les tensions sont nombreuses. Bref c’est ambiance-ambiance à la maison. Jacques le frère est le parangon de l’oisiveté. Il m’a fait un peu penser à Lazare, pour ceux qui suivent ^^ mais en bien pire. C’est un être assez abject qui a constamment besoin d’argent et le dépense à vitesse grand V. Joueur invétéré, il engloutit l’argent familial. Il est trop aimé par sa mère possessive et un poil dépressive, et craint par le reste de la famille. Il faut dire qu’il y’a de quoi.
Cet amour dévorant entre la mère et son aîné exclut les deux autres enfants de l’amour maternel. La famille se retrouve donc dans le Quercy afin de mettre de l’ordre dans le domaine familial (hérité du père défunt), abandonné depuis longtemps. Sa mauvaise gestion ne ramène pratiquement aucun denier à la famille, qui au vu des agissements du frère aîné, aurait bien besoin de revenus complémentaires. Ces terres sont convoitées par Madame Pécresse, qui rêve de voir son fils en devenir propriétaire. L’idée d’un mariage entre ce dernier et Maud lui vient rapidement en tête…
Voilà pour le pitch.
Je suis bien en peine pour vous commenter ce roman qui m’a un peu déstabilisée et me laisse perplexe. Je ne savais pas à quoi m’attendre, ne connaissant pas du tout l’auteure, et le résultat est que je ne sais pas trop quoi en penser. Je pense que c’est le genre de lecture qui a besoin d’infuser. Cela ne vous avance guère, je le reconnais. Cependant sachez que ce livre parle du désœuvrement, de l’ennui et des interrogations sur la vacuité de l’existence. Encore.
J’ai décidé de lire dans l’ordre les romans de Marguerite Duras. C’est mon défi littéraire du moment. J’espère être davantage loquace par la suite.
Je termine rapidement avec Crans-Montana de Monica Sabolo.
Dans les années 60 à Crans-Montana, une station de ski huppée suisse, des garçons observent de loin trois jeunes filles inséparables et fascinantes qui alimentent tous leurs fantasmes: Chris, Charlie et Claudia. Ces dernières entourées d’une aura mystérieuse promènent leur nonchalance pendant les vacances d’été et celles d’hiver. Les années passent, aucun d’entre-eux n’osent les aborder mais leurs souvenirs les poursuivront longtemps. La plume est légère et évoque (de nouveau mais ce n’est pas volontaire il faut croire que c’était LA thématique) la vacuité de l’existence, les espoirs qui se délitent chez cette jeunesse qualifiée de dorée et à qui tout semblait être offert. L’ensemble du récit baigne dans une atmosphère envoûtante, une sorte de brume éthérée qui rend le tout un peu flou. Un peu comme dans le Virgin Suicides de Sofia Coppola.
La lecture est facile et agréable. Rien de plus pour moi. Sans m’être ennuyée je n’ai ni voyagé, ni été transportée ou bouleversée.
Maintenant vous savez très bien ce qui va se passer.
Je vais vous demander de partager avec moi vos coups de cœur et de me laisser des tas de pistes de lecture que je me ferai un plaisir de creuser.
A bientôt!
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