Lectures du mois de Mai

Par Posté dans - Livres le 29 mai 2016 14 Commentaires

Bonjour les colibris,

Mai est bientôt derrière nous...
Qu'avez-vous lu durant ce mois pluvieux? Avez-vous des pépites à partager?
Moi je vous raconte tout, les déceptions et les belles surprises.
01.bilan lecture MAI 2016

J'ai commencé ce mois de Mai avec la lecture de La vie, la mort, la vie d'Erik Orsenna.
LA VIE LA MORT LA VIE E.ORSENNACette biographie de Louis Pasteur (1822-1895) se lit comme un roman. Pourquoi cette biographie? L'auteur occupe son fauteuil à l'Académie française. De plus il a été pendant des années, dans la salle de travail de l'institution, le voisin de François Jacob, Prix Nobel de médecine. Ce dernier accablé par son ignorance en biologie lui aurait conseillé d'écrire sur Pasteur, un peu par défi. "Puisque, par on ne sait quel désolant hasard, tu occupes le fauteuil de Pasteur, plonge-toi dans son existence, tu seras bien obligé d'apprendre un peu !"
Mission accomplie pour moi, j'ai appris des tonnes de choses. Louis Pasteur n’est pas seulement l’inventeur du vaccin contre la rage. Cet hyperactif maladif qui ne savait pas ce que le mot repos signifiait (Cela n'est pas sans me rappeler quelqu'un...) a révolutionné la médecine. Cet homme qui ne riait jamais afin de ne pas gaspiller son énergie et qui ne serrait pas les mains par crainte des microbes, a passé sa vie à faire reculer la maladie et la mort et s'est battu pour imposer les règles de base de l'hygiène. Il a établi les principes de la fermentation, a mis au point la pasteurisation, a créée la stéréochimie et la microbiologie. A côté de ses travaux de laboratoire Louis Pasteur était également un homme de terrain, régulièrement missionné afin de travailler sur des problèmes de santé publique. Une épidémie décime les troupeaux de moutons, de chevaux ou les poules, menace les vignes ou la production de ver à soie? Pasteur s'installait alors sur place, dans les fermes ou les usines, menait l'enquête avec obstination et s'affairait à trouver un traitement. J'ai trouvé cette biographie passionnante. Elle est accessible à tous, pas besoin de se coltiner au préalable la biologie pour les nuls.
Je remercie Erik Orsenna de ne pas en avoir fait un récit hagiographique et de ne pas avoir passé sous silence les zones d'ombre du scientifique. Cependant je reste un peu sur ma faim car j'ai trouvé ce livre trop court.

Souvenez-vous, le mois dernier je m'étais lancé le défi de lire les œuvres de Marguerite Duras. (Quelle folie!)
J'ai donc enchainé avec la lecture d'Un barrage contre le Pacifique dont l'action se situe en Indochine française et dont l'inspiration est largement autobiographique.
un barrage contre le pacifiqueL
e récit met en scène une mère veuve et ses deux enfants, Joseph et Suzanne, qui survivent difficilement en tentant d'exploiter une concession. Abusée par l'administration coloniale, la mère a investi toutes ses économies dans l'acquisition d'une terre qui est régulièrement inondée et de ce fait incultivable. Elle déploie toute son énergie et place tout ses espoirs dans un projet complétement fou et utopique: construire un barrage pour retenir l'océan et protéger ses rizières. (Cette lutte insensée contre une nature qui finit toujours par s'imposer m'a fortement rappelé La joie de vivre d'Émile Zola). Malgré les difficultés rencontrées et l'obstination, impossible de juger cette mère autrement que détestable. Elle voue un culte à son ainé et traite sa fille avec mépris et brutalité.

L'une des seules distractions de la famille est d'aller au café du père Bart à Ram, un village voisin. C'est là que M. Jo, le fils d'un riche homme d'affaires, tombe sous le charme de Suzanne...
Je pourrais vous en dire plus, vous parler du sujet sous-jacent du délitement de la cellule familiale, de l'ambiance glauque, de l'amour quasi incestueux que porte Suzanne à son frère. Je pourrais écrire des tartines.
Mais je me suis mortellement ennuyée pendant cette lecture qui a été très pénible et j'estime avoir perdu déjà beaucoup trop de temps avec ce roman. Je n'ai pas aimé l'écriture. J'ai souvent dû relire plusieurs fois une ligne ou un paragraphe afin de forcer mon cerveau à continuer à avancer, le leurrer pour lui faire prendre l'élan nécessaire qui le mènerait à la fin d'une page, d'un chapitre et "Alleluia Sister" à la fin du récit. Comme je suis un peu maso, j'ai voulu me faire une avis sur le film réalisé en 2008 par Rithy Panh. J'ai tenu 15 minutes.
Je vais tout de même persévérer et donner sa chance à un troisième roman de l'auteure, qui sera peut-être le dernier...

Suite au conseil de Clock du blog Le poisson panneau, j'ai continué avec La terre d'Émile Zola.
2.bilan lecture MAI 2016Ce roman relate l'histoire d'une famille de paysans à la fois amoureux et totalement esclaves de leur terre qui vont se dévorer et consacrer leur énergie à se nuire. Ce roman est l'histoire de leur lutte sournoise et de leurs stratagèmes odieux motivés par une avidité et une avarice haineuses.
Émile Zola y personnifie la terre et en fait une figure féminine, parfois généreuse mais le plus souvent cruelle. Le rapport à cette dernière est enragé, viscéral. La tentative de sa maîtrise est un combat de tous les jours.
Le récit et la vie des personnage se règlent selon les saisons et les travaux  (semailles, moissons, vendanges, labours) et les différentes étapes de la vie (naissance, baptême, mariage, mort). Dans tout le roman, la violence du désir de possession de la terre est omniprésente. Solidement ancrée en chacun, elle les pousse à des actes brutaux, parfois atroces et innommables, les transformant en bourreaux et en assassins. Vous l'aurez compris, ce livre est noir, très noir. Une noirceur violente, bestiale et déroutante, de celle qui ébranle et qui vous donne des frissons dans le dos.
Un roman puissant. Âmes sensibles soyez prévenues.

Je termine avec L'été d'Edith Wharton.
J'avais lu il y a quelques années Le temps de l'innocence.
l'été E.WhartonLe roman se déroule à North Former, petit village de la Nouvelle-Angleterre, dont Charity Royall a cerné avec désolation les limites. Elle vit avec son tuteur M. Royall, un avocat aujourd'hui veuf, qui l'a recueillie alors qu'elle était toute jeune. Charity avait avant cela vécu dans la mystérieuse et intrigante Montagne, dont les habitants particulièrement pauvres semblent vivre en dehors du système et de toutes normes. L'existence de Charity, beaucoup trop tranquille à son goût, se limite aux rares heures passées dans la minuscule bibliothèque du village dont elle a la charge et où elle s'ennuie fermement. Cette vie étriquée n'est clairement pas pour elle. Elle aspire à une vie définitivement différente. Mais comment s'affranchir de M. Royall ?
L'arrivée d'un jeune architecte, venu recenser et dessiner les anciennes villas des alentours, va changer la donne et élargir ses perspectives. Une complicité va rapidement naitre entre eux. Ce qui ne sera pas au goût de M. Royall et de l'ensemble des habitants du village, où le souci des convenances et des apparences régit l'existence de chacun et où le moindre écart de conduite est sanctionné. Malgré cela, Charity va servir de guide au jeune homme et ils vont parcourir ensemble la campagne environnante. Cette présence inattendue voire inespérée va complétement bouleverser le quotidien de la jeune femme et être à l'origine de nombreux questionnements. L'amour naissant entre ces deux jeunes gens est décrit dans un style simple et fluide, tout en sensualité. Mais ne vous méprenez pas. Ce livre ne se limite pas au récit d'une romance.
**La suite de l'article pourrait être considérée comme du spoiler**
Le désir de liberté et d’émancipation de Charity n'en rendra son apprentissage que plus douloureux. La fin du roman est impitoyable et cruelle et renvoie à l'inexorabilité de la condition féminine de l'époque.
Ce court roman est une belle découverte qui m'encourage fortement à réserver d'autres romans de l'auteure à la médiathèque.
Je suis d'ailleurs en train de lire La splendeur des Lansing. (Bon en fait j'étais en train de le lire mais je l'ai oublié hier, soit au resto ou au ciné... Je pars à sa recherche).

Et maintenant à vous de jouer!

A bientôt,

PS: la petite merveille personnalisée qui me sert dorénavant d'étui à lunettes est l’œuvre de la talentueuse et très sympathique Coco du blog Pas@PasdeChat (Click). Je profite de ce billet pour la remercier de nouveau chaleureusement.

(14) commentaires

  • alexandra - Répondre

    29 mai 2016 at 20:57

    C est impressionnant tout ce que tu peux lire en 1 mois. Moi ca va faire 1 an que j ai démarré un bouquin et je ne suis même pas sûre que j en sois au milieu! C est pas faute de vouloir mais je m endors des que je lis. Ca donne envie a chaque fois que je lis tes post. Merci pour les résumés, ca m evite de les lire et de m endormir, hi hi. Bonne soirée. Bises

    • allmadehere - Répondre

      31 mai 2016 at 09:34

      Il faut peut-être que tu essaie de ne pas lire au lit ( dixit la fille qui lit dans 75% des cas dans son lit…) ou peut être que le livre entamé ne mérite pas plus d’intérêt que cela…^^
      A bientôt

  • aurélie - Répondre

    29 mai 2016 at 21:16

    C’est vrai qu’il est canon ton étui à lunettes, Coco a parfaitement ciblé ses couleurs 🙂
    En ce moment je suis en mode polars (je te passe toutes mes lectures cucul que j’aime bien mais j’ai honte), après Le Commissaire Bordelli (que j’ai trouvé bof bof malgrè tout le bien qu’on en dit), je suis passée à Carnaval de Ray Celestin, et là c’est vachement mieux, même très très bien pour l’instant 🙂
    Gros bisous!

    • allmadehere - Répondre

      31 mai 2016 at 09:39

      Merci pour le conseil la Souris, je note Carnaval sur ma liste.
      Tu en as trop dit sur tes lectures « inavouables » ^^.
      J’ai envie d’en savoir plus…

  • pas@pasdechat - Répondre

    30 mai 2016 at 00:05

    La lecture ne fait pas partie de mes occupations actuelles… 🙁 J’ai un peu de mal à me poser et à me vider la tête en ce moment. Je retiens Louis Pasteur dans ta sélection du mois. Ton point de vue me tente bien ! Merci pour ton petit clin d’oeil. Tes photos sont bien plus belles que les miennes, et je suis heureuse de voir qu’il remplit sa mission auprès de si jolies lunettes.

    • allmadehere - Répondre

      31 mai 2016 at 09:44

      Pour moi c’est tout le contraire. Non pas que je me force à ouvrir un livre, ce jour là je serai gravement malade, mais cela me permet de me vider la tête et de m’échapper.
      Pour ce qui concerne les photos, c’est l’étui qui fait tout le boulot. Il est photogénique, je n’y suis pour rien.

  • coralinelambert - Répondre

    30 mai 2016 at 10:11

    La Terre m’a donné mal au coeur quand je l’ai lu… c’était vraiment atroce. Et presque malsain; j’aime Zola, mais ce livre! j’ai eu l’impression qu’il se complaisait à décrire la fange, la lie d’une certaine catégorie sociale. Germinal parait presque onirique, en comparaison!
    Edith Wharton, c’est ma favorite, j’avoue ne pas connaître ce titre! j’ai fini les Dieux arrivent il y a peu… vraiment très bien, je te le recommande.
    des bises!

    • allmadehere - Répondre

      31 mai 2016 at 09:53

      Je ne sais pas quelles étaient les intentions d’Émile Zola. Ce livre est clairement dérangeant et d’une noirceur malsaine, je te l’accorde et ne le conseillerais pas à tous. Cependant il reste selon moi un grand roman puissant.
      D’un autre côté je pense avoir tiré un bon numéro avec Édith Wharton, j’entame le troisième roman et suis toujours autant agréablement surprise. (Les Dieux arrivent est le prochain sur ma liste…). A bientôt

  • cloc - Répondre

    30 mai 2016 at 20:36

    Oh comme je suis touchée que tu aies lu la Terre! Ce roman m’avait vraiment énormément chamboulée, et je crois voir que toi aussi (pas trop j’espère?)…
    Et le barrage contre le pacifique, je m’étais ennuyée aussi, mais je crois que je te l’ai déjà dit 🙂
    Je note Ete de Warton dans mon petit carnet.

    • allmadehere - Répondre

      31 mai 2016 at 10:02

      C’est moi qui te remercie du conseil. Ce livre m’a chamboulée mais je m’en suis remise. J’aime quand la lecture me secoue et me bouscule un peu, son rôle est également de nous faire passer par différentes émotions. Et puis sans toi je ne l’aurais sûrement jamais lu. J’ai récupéré la Curée, titre que tu m’avais également conseillé. Y’a plus qu’à…

  • Girlie cinéphilie - Répondre

    31 mai 2016 at 14:05

    Chouette, plein de conseils lectures!
    Un barrage sur le Pacifique fait partie des romans de Marguerite Duras que j’aime bien. Je suis toujours assez admirative de son style, mais je n’accroche pas toujours à ses histoires et celle-là, même si le personnage principal est effectivement assez désagréable, je l’ai trouvé assez vivante.
    La Terre, je compte bien le lire. Et c’est même sûrement pour bientôt. Dans mon parcours Rougon-Macquart, j’en suis pour l’instant à l’Œuvre, que je viens de commencer et qui s’avère déjà passionnant.
    Je note en tout cas l’été, parce que tu le tease quand même très bien. Je suis pas très biographie, mais j’avoue que Pasteur et Orsenna, ça se tente quand même bien.
    Pour ma part, j’ai lu un peu plus ce mois-ci et ça m’enchante. Pour me motiver à avancer dans ma PAL, je me suis créé un compte Goodreads, qui est géniale et très pratique pour rentrer sa bibliothèque et échanger sur les livres, mais qui a un effet pervers terrible, puisqu’il donne plein de chouettes idées de lecture.
    En tous cas ma grosse découverte de ce mois-ci, c’est un superbe recueil de nouvelles de Nadejda Teffi, une auteure russe du début du XXème siècle: « Kindly worded » (une traduction anglaise, j’ai vu qu’il existait une version française de certains de ces textes, mais elle est assez rare et chère): c’est fabuleux. Ca ressemble parfois à du Gogol dans l’absurde et le comique cachant la tragédie, c’est très bien pointé et il y a notamment une nouvelle incroyable où elle raconte sa rencontre avec Raspoutine: un joyaux! J’ai découvert ça complètement par hasard et je trouve dingue qu’elle ne soit pas plus connue que ça, je me suis régalée.

    • allmadehere - Répondre

      01 juin 2016 at 08:59

      Chouette un commentaire-article! ^^
      Ta participation m’enchante!
      Puisque tu es admirative du style de Marguerite Duras, je me sens obligée de persévérer encore un peu, parce que c’est toi.
      Je me suis inscrite sur Goodreads et Môsieur aussi. Un grand merci pour le tuyau. Je place beaucoup d’espoirs sur cette nouvelle source d’inspiration même si je continue(rai) à compter sur vous et vos avis précieux. Je suis épatée par ton parcours Rougon-Macquart. C’est un beau défi littéraire.
      Bonne lecture!

  • bluettine - Répondre

    02 juin 2016 at 13:56

    Joli choix de livres et bel étui à lunettes.
    Je dois avouer que j’avais bien aime le livre de M. Duras lorsque je l’avais lu….

    • allmadehere - Répondre

      02 juin 2016 at 18:55

      Je pense que nous pouvons dire que c’est l’étui à lunettes le plus chouette et le plus personnalisé qui soit.
      Je laisse une chance à Marguerite Duras. Ce n’était peut-être pas le bon moment pour lire ce livre…

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