Hello les moineaux,
Voici venu le temps du bilan de lecture du mois de février qui s’achève.
Trois romans sont au programme et ils ont, sans l’avoir voulu, un point commun: l’irrationnel.
Quel teasing!
La vengeance m’appartient de Marie N’ Diaye.
J’ai eu très envie de le lire après avoir écouté Le masque et la plume sur France Inter. C’était mon premier Marie N’Diaye.
Tout part de la rencontre entre Maître Susane, 42 ans récemment installée à Bordeaux, et Gilles Principaux qui lui demande de défendre sa femme accusée d’infanticide. Elle est complétement déstabilisée par ce rendez-vous. Dans un premier temps elle se demande pourquoi cet homme l’a choisi elle, inconnue, pour s’occuper d’une telle affaire . De plus elle se souvient confusément avoir déjà rencontré cet homme 30 ans auparavant. Elle croit le reconnaitre, n’en est pas certaine. Est ce bien ce jeune garçon avec qui elle a passé un après-midi enchanteur et qui l’a marquée à vie? Que s’est-il vraiment passé ce jour-là? Si c’est bien lui pourquoi n’évoque t-il pas ce passé commun?
Ce souvenir flottant va tout chambouler.
Voici le point de départ d’une histoire pour le moins énigmatique qui va transformer la vie de Maître Susane. Tout dans le roman est ambiguïté, ambivalence et trouble permanent. Et je préfère vous avouer que le mystère n’est jamais résolu.
Faut-il faire confiance à nos souvenirs? Voici la question que nous pose le roman.
Moi qui aime les fins claires, qui n’aime généralement pas qu’on me laisse le choix, j’ai été complétement happée et subjuguée par ce roman. J’ai été impressionnée par sa construction et son inquiétante étrangeté. J’ai aimé cette écriture singulière et magnétique. J’ai aimé être déstabilisée même si cela est ici souvent inconfortable et malaisant. Une réelle expérience de lecture qui ne plaira pas à tou.tes mais qui est un de mes premiers coups de cœur de l’année.
Magnus de Sylvie Germain, livre qui m’a été conseillé et qui a, comme on dit, bonne presse. (Prix Goncourt des lycéens 2005).
On pourrait résumer ce livre ainsi: roman initiatique et philosophique sur la quête d’identité et la mémoire, celles d’un garçon qui a oublié ses premières années et que l’on suit jusqu’au milieu de sa vie qui débute dans l’Allemagne nazie.
Le style de l’auteure est incontestablement brillant voire virtuose. C’est ce qui m’a un peu gênée. J’ai eu l’impression de lire un excellent exercice d’écriture où la performance domine et créée une froide distance difficilement franchissable pour le lecteur qui reste un observateur extérieur. Le premiers tiers du livre m’a happée et ensuite j’ai eu l’impression de lire plusieurs livres. Je me suis souvent perdue dans les différents développements où les événement se bousculent et les personnages se succèdent sans être jamais réellement incarnés. Je n’ai jamais compris où l’on voulait m’amener. J’ai trouvé l’ensemble prétentieux avec des coutures extravagantes pour attirer le chaland mais qui malheureusement sont bien connues pour être peu solides. Une sorte de poudre aux yeux mystique qui serait justifiée par son arrière-plan de folie nazie. Une déception.
L’anomalie de Hervé Le Tellier. Prix Goncourt 2020
C’est l’histoire d’une dizaine de personnages que l’on suit pendant 3 mois et qui ont vécu un phénomène inexpliqué à savoir d’avoir pris le même avion (Paris/New-York) qui a la particularité de s’être posé deux fois à 3 mois d’intervalle. Une première fois en mars puis une seconde en juin 2021 avec à son bord les mêmes passagers, le même personnel. On assiste à une duplication de l’avion. Lorsqu’il se pose en juin chacun des passagers est déjà sur terre depuis mars et vit sa vie depuis ce premier atterrissage.
Les personnages de juin vont finir par rencontrer ceux de mars. Comment vont-ils réagir? Comment va se passer cette confrontation? Chacun va proposer des réponses/attitudes différentes.
Cela pourrait être le résumé d’un épisode de la quatrième dimension.
Cependant ce n’est pas un roman de science fiction ou d’anticipation. Le roman se déroule en 2021. C’est comme l’indique l’auteur une « expérience de réflexion ». Que se passerait-il si…? Que se passerait-il si nous étions confrontés, non pas à notre double, mais à nous-même?
C’est un page-turner efficace qui se lit très rapidement. Chaque personnage/chapitre renvoie à un genre littéraire (roman policier, roman d’espionnage, roman d’introspection…). L’approche n’est ni scientifique ni philosophique. C’est peut-être là sa faiblesse. C’est une lecture très plaisante mais qui laisse un petit goût d’inachevé et de survolé, sans mauvais jeu de mot…
Et vous? Qu’avez-vous lu? Une pépite à conseiller?
A bientôt,
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