Bonjour les rouge-gorges,
Avec quelques jours d’avance je partage avec vous mes lectures mensuelles.
Ce mois-ci j’ai eu la chance de participer aux Matchs de la Rentrée Littéraire.
Venez que je vous raconte!
Cette année Bibi a été sélectionnée pour participer aux Matchs de la Rentrée Littéraire. (#MRL17 #PriceMinister)
J’avais déjà eu la chance de vivre cette aventure en 2014 (clic).
Je vous rappelle rapidement le principe : on sélectionne un livre dans la liste proposée, on confirme sa participation en remplissant un formulaire d’inscription, on s’engage à rédiger un article parlant du livre et de nos impressions et on croise les doigts. Cette année ce sont plus de 800 livres qui ont été envoyés partout en France métropolitaine, Suisse, Belgique et au Luxembourg.
Voici le livre que j’ai eu la chance de découvrir : Ces rêves qu’on piétine de Sébastien Spitzer.
Nous sommes en 1945, la fin de la guerre est proche, Berlin est un champs de ruines. C’est l’heure des derniers combats, des derniers jours du régime nazi et de le découverte des camps de concentration.
Vous allez me dire que les livres concernant cette période, vous en avez vu passer des caisses, que vous êtes à la limite de l’overdose et que vous vous demandez bien ce que l’on peut écrire de plus sur le sujet. Je comprends parfaitement cette réaction et votre méfiance car c’est également ce que je me suis dit au départ.
Heureusement je ne me suis pas arrêtée sur cette première idée.
En effet cette exofiction est malgré sa dureté totalement captivante. La structure narrative du récit construite habilement autour d’une alternance de voix participe au talent romanesque de l’auteur.
Le lecteur se retrouve d’un côté en compagnie Magda Goebbels, femme du chef de la propagande nazie du IIIe Reich, dans le bunker berlinois du Führer où elle est enfermée avec ses 6 enfants. L’auteur nous éclaire sur sa personnalité pour le moins complexe et revient sur son ascension au sein de l’appareil nazi.
De l’autre, le lecteur suit la progression de quelques rescapés des camps qui tentent d’échapper à l’enfer. Parmi eux se trouvent une mère et sa fille Ava, née au sein du « bordel » d’Auschwitz et dépositaire d’un précieux rouleau de cuir qui renferme des lettres de prisonniers des camps. C’est ici que se fait le lien ingénieux entre ces deux destins car parmi ces lettres se trouvent celles douloureuses et déchirantes d’un père à sa « fille », une certaine Magda…
Ce père constitue ainsi une des voix du récit qui alterne avec les chapitres consacrés à Magda et ceux suivant Ava.
Le style efficace et direct use de phrases courtes qui relatent l’horreur avec une distance digne, un ton juste et toujours avec sensibilité. Je précise que c’est un premier roman. Un premier roman ingénieux dans sa forme, puissant et juste dans son écriture. Un premier roman qui m’a mis une claque, m’a collé une boule dans la gorge et m’a tiré quelques larmes.
J’ai continué avec The Girls. Dans ce livre, Emma Cline dont il s’agit également du premier roman, revient à sa manière sur l’affaire Charles Manson, terrible fait divers qui a secoué l’Amérique en 1969.
The girls évoquent les filles qui entouraient le gourou et vivaient au ranch, représentation illusoire d’une promesse de vie exceptionnelle où l’amour aurait une place centrale.
Il est important de préciser que ce livre reste une fiction et ne décrit pas le massacre. Vous n’y trouverez pas le récit du « passage à l’acte », ce dernier est simplement évoqué. Les détails de l’affaire que tout le monde connaît n’intéressaient pas l’auteure. Et tant mieux car pour moi le livre aurait alors perdu son intérêt.
Son intention était davantage psychologique. Elle sonde dans ce roman à la fois ces jeunes filles complétement paumées et les affres de l’adolescence en général en dressant des portraits et un en particulier, celui d’une une ado vulnérable, très influençable et idéaliste nommée Evie Boyd.
Nous assistons à des moments de sa vie présente alors qu’elle est devenue une femme mûre et également au récit de l’été de ses 14 ans durant lequel son destin croise celui d’une bande de filles (the filles) qui vont immédiatement la fasciner.
Pour moi les points centraux du roman sont les grandes faiblesses d’Evie que partagent de nombreux ados, et qui vont la pousser à accumuler les erreurs de jugement: ses besoins viscéraux d’attention et de reconnaissance.
Les sensations et les sentiments adolescents sont extrêmement bien décrits. En lisant certains passages j’ai eu l’impression d’avoir de nouveau 14 ans et de revivre l’exacerbation des sentiments si caractéristique de cet âge et ressentais presque cette maladresse gênante et ce mal-être paralysant.
Pour conclure : une lecture détonante et intéressante.
Je termine avec Hôtel du Grand Cerf de Franz Bartelt mon coup de cœur du mois.
Ce livre est réjouissant de causticité, l’intrigue est savamment ficelée, la narration réserve quelques belles surprises et le style décape. Vous aurez compris j’ai passé un excellent moment de lecture grâce à Frantz Bratelt que je découvrais. Une lecture jubilatoire que j’aurais aimé faire durer plus longtemps mais que j’ai dévorée sans modération.
Est-il vraiment nécessaire de rentrer dans les détails ?
Rapidement pour tenter de titiller davantage votre curiosité. Le récit se passe dans un village des Ardennes qui semble un peu « figé dans son jus », le point central du roman étant, sans surprise, l’hôtel du Grand cerf tenu depuis des années par une famille du coin.
Il est question de la mort d’une actrice allemande quasi oubliée, d’un producteur qui souhaite réaliser un documentaire sur cette dernière, de l’hôtel où cette actrice a été retrouvée morte dans sa baignoire, d’un douanier revanchard qui accumule les informations compromettantes sur les habitants de ce village, d’un chauffeur extrêmement jaloux, de sa femme qui transporte les habitants dans son taxi, d’un simple d’esprit et bien évidement de meurtres…
Cette enquête est menée par un inoubliable inspecteur nommé Vertigo Kulbertus qui se révélera être pour le moins déstabilisant voire complétement dérangeant et qui à quinze jours de la retraite ne prendra de gants avec personne.
Le mois d’Octobre s’est avéré réjouissant et synonyme de belles découvertes.
Je me souhaite la même chose pour le mois qui arrive.
Bonne lecture et à bientôt!
Laisser un commentaire