Bonjour les mésanges,
Le mois de Septembre se termine bientôt.
Le moment est venu de partager mes dernières lectures avec vous.
Je commence par les lectures inachevées.
J’ai en effet décidé de ne plus aller au bout de chaque livre ouvert.
Si je n’accroche pas, je raccroche. Mouhaha…
Les nominés sont:
– Les bienveillantes de Jonathan Littell (stoppé au bout de 250 pages sur les quelques 1400 qui le constituent)
– La toile de Sandra Lucbert (mis de côté en un temps record, l’ennui m’a pratiquement immédiatement gagné malgré mon intérêt pour le dispositif épistolaire moderne choisi comme système narratif. N’est pas Choderlos de Laclos qui veut.)
Ceci étant dit, passons aux choses sérieuses.
L’ordre du jour d’Eric Vuillard.
« Les plus grandes catastrophes s’annoncent souvent à petits pas ».
Dans ce bref roman, l’auteur se faufile dans les coulisses de l’histoire, ici l’antichambre de la seconde guerre mondiale, en évoquant les semaines précédant l’Anschluss qui ont permis à l’Allemagne de s’emparer de l’Autriche.
Ce livre examine la mécanique de l’annexion.
Il débute 5 années avant cette dernière avec la réunion du 20 février 1933 qui a rassemblé 24 des plus grands chefs d’entreprises allemands de l’époque, aujourd’hui devenus des groupes extrêmement importants (Krupp, Opel…).
Ces derniers sont reçus par Hermann Göring et par Adolf Hitler, alors chancelier depuis un mois, et sont invités à financer sa campagne électorale, les caisses du parti étant exsangues. Le résultat sera un financement assuré à hauteur de 3 millions de reichsmarks.
S’ensuivent les récits d’autres épisodes fondateurs et rencontres stratégiques dont l’enchaînement mena à l’Anschluss. La finalité étant ici de démonter les compromissions et aveuglements responsable de l’annexion.
Fiction ou réalité? L’auteur déclare ne pas pratiquer ou très peu la fiction dans ses livres. Ici, si fiction il y a, elle se retrouve dans l’incarnation de protagonistes à qui il prête certaines pensées et quelques sentiments, et dans l’intrigue qui produit une vision subjective des événements qui restent cependant extrêmement documentés.
Une démonstration édifiante.
Les filles au lion de Jessie Burton.
Après avoir eu un coup de cœur pour le premier roman de Jessie Burton (ici), j’ai tout naturellement ouvert le second.
Celui-ci nous fait voyager entre deux lieux et deux époques. A défaut d’être inédite, cette construction reste astucieuse et permet de rythmer le récit.
D’un côté, nous avons un village du sud de l’Espagne juste avant la guerre civile où se sont récemment installés un marchand d’art viennois, son épouse anglaise et leur fille.
De l’autre, la ville de Londres en 1967 où nous suivons Odelle, jeune fille originaire de Trinidad qui vient de décrocher un job de dactylo dans une galerie d’art tout en se rêvant écrivain.
Un mystérieux tableau relie les deux époques.
Un tableau dont le propriétaire ne sait rien à part qu’il a toujours appartenu à sa mère et qui va débarquer un jour à la galerie pour le faire estimer. Cette peinture va intriguer Odelle qui va tenter d’en retracer l’histoire…
Si la lecture est plaisante et la construction minutieuse plutôt efficace, je n’ai pas été autant transportée qu’avec Miniaturiste. L’intrigue m’a moins emballée et j’ai trouvé les personnages un peu faibles et moins attachants. Cependant cela reste un moment agréable de lecture.
Trois saisons d’orage de Cecile Coulon.
Ce roman se situe dans un massif montagneux français dénommé Les trois gueules qui abrite un village, Les fontaines. Ce village est un véritable monde à part entière, un lieu idéalisé, assimilé au paradis par ses habitants mais où il est interdit d’avoir des secrets. Un lieu un peu étrange et anxiogène. Un lieu animé par ses propres forces intérieures qui deviennent parfois incontrôlables et font planer une curieuse et sourde menace permanente. Cette menace prend la forme de tremblements intérieurs difficilement soupçonnables mais qui sont capables de faire dériver un être. Ces grognements individuels menacent à tout moment l’équilibre de la communauté.
Pour évoquer ce village l’auteur a choisi de nous raconter sur 3 générations l’histoire d’une de ses familles, celle d’André médecin généraliste qui s’est installé là après la première guerre mondiale et dont l’histoire va s’entremêler à celle des ouvriers et des paysans.
Dans ce roman il est questions de désirs, de fantômes, d’enracinement et d’équilibre brisé.
De nouveau l’écriture est solide mais garde cette fluidité impressionnante caractéristique qui m’avait interpellée dans Le roi n’a pas sommeil. Un livre très puissant, organique et déroutant où le lieu, personnage principal du récit, constitue le point de départ de tout.
Bonne lecture!
A bientôt,
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