Bonjour les mouettes,
Si je mets de côté les bilans de début d’année, mon dernier article ciné remonte à plus d’un an…
Shame. Shame. Shame.
Pour me faire pardonner, je vous parle aujourd’hui d’Infidèlement vôtre.
Un film au rythme d’enfer, emmené par un Rex Harrison électrique.
Installez-vous confortablement, la séance va commencer…
Infidèlement vôtre (Unfaithfully Yours) est un film réalisé par Preston Sturges, sorti en 1948, avec dans les rôles principaux Rex Harrison et Linda Darnell. (Y’a aussi Lionel Stander alias Max de L’amour du risque si jamais y’a des fans…Désolée pour la référence).
Que cela soit clair, cet article est une déclaration d’amour à Rex Harrison.
Rex Harrison, l’élégance so british!, c’est (entre autres) Guêpier pour trois abeilles, Qu’est-ce que Maman comprend à l’amour?, My fair Lady, Cléopâtre, L’aventure de Madame Muir…
A chaque fois c’est la même histoire: Rex Harrison apparaît à l’écran et boum la magie opère.
Sa voix m’envoûte, sa prestance me laisse baba…Je trouve qu’il a un charisme fou. Peu d’acteurs me font cet effet. (ouh la menteuse!). Ce n’est pas pour rien que son petit surnom était Sexy Rexy. Les choses étant dites, let’s proceed.
Pour la petite histoire, sachez que Preston Sturges est le premier scénariste hollywoodien à être devenu réalisateur, ce qui est alors une véritable mini-révolution. Il a ainsi notamment ouvert la voie à un certain Billy Wilder…
Venons-en aux faits.
Avant de partir en tournée, sir Alfred De Carter, chef d’orchestre réputé, demande à son beau frère de veiller sur sa très jolie et jeune épouse, Daphné. Ce dernier prend son rôle un peu trop au sérieux et fait suivre la jeune femme par un détective privé. A son retour à New-York, lorsqu’il apprend que sa femme a été filée alors qu’il lui accorde toute sa confiance, Sir Alfred entre dans une colère noire. Cette scène jubilatoire vaut son pesant de cacahuètes.
Il ne souhaite d’ailleurs pas prendre connaissance du rapport que lui présente son beau-frère. Il décide de s’en débarrasser en le brûlant dans sa poubelle de bureau. Et là, le spectateur assiste de nouveau à une scène incroyable, loufoque au possible et totalement burlesque, désopilante au point de devoir se tenir les côtes.
Très vite cependant, le doute finit par s’installer. Sir Arthur rend visite au détective et celui-ci lui apprend l’existence d’indices accablants venant remettre en question la fidélité de sa femme qui aurait une liaison avec son secrétaire.
Et si c’était vrai finalement? Daphné est beaucoup plus jeune que lui, tout comme l’est Tony, son secrétaire dévoué…
Sir Alfred se révèle alors extrêmement jaloux et suspicieux et commence à cogiter sévère.
Et ce n’est pas le bon moment pour cela car il s’apprête à diriger l’un des concerts les plus importants de sa carrière.
Le soir venu, alors qu’il est en pleine représentation, il donne libre cours à ses fantasmes de vengeance et échafaude trois façons différentes de mettre un terme à cette horrible situation qui le fait énormément souffrir. Après un gros plan sur l’œil de Sir Arthur, le spectateur entre dans la tête de ce dernier et assiste à ses délires imaginaire de jaloux maladif, alors que les autres spectateurs, ceux du film, assistent quant à eux et en parallèle au concert dirigé par ce dernier.
Chacun de ces trois scénarios élaborés alors qu’il est sur scène est lié à une œuvre/un compositeur: Rossini, Wagner puis Tchaïkovski. Ces œuvres vont chacune créer un état d’esprit particulier chez le chef d’orchestre, influencer son imagination et façonner le rythme et la tonalité de ces trois séquences. Légère, triste ou enlevée, la musique fait partie intégrante du développement du récit et sert à sa façon l’intrigue.
Ce dispositif est particulièrement intéressant et intelligent et donne toute sa force et son originalité au film.
Lorsque la dernière séquence prend fin, le concert se termine devant une salle en délire. Sir Alfred n’y prête aucune attention, l’esprit complètement torturé et entièrement obnubilé par la trahison. Il rentre précipitamment chez lui et décide d’appliquer dans la réalité un des scénarios inventés par son cerveau malade de jaloux excessif.
En dire plus serait gâcher tout votre plaisir.
A sa sortie ce film n’a malheureusement pas eu le succès qu’il méritait et n’a alors pas trouvé son public.
Il faut avouer que les trois séquences ne sont pas égales. La première, beaucoup plus longue, est tout simplement jubilatoire et se déroule à un rythme effréné sous nos yeux ébahis et amusés. Les deux autres beaucoup plus courtes ne sont pas dénuées de cynisme et d’humour corrosif, leur rythme est cependant plus lent.
La dernière partie du film où Sir Alfred se retrouve chez lui souffre d’une petite longueur mais cela reste un très bel exercice de style, oscillant entre scène de cinéma muet et cartoon.
Tout au long du film Rex Harrison, telle une mini tornade, déploie une énergie incroyable, contagieuse et réjouissante. Chacune de ses tirades transpire l’emphase shakespearienne.
Linda Darnell n’est pas en reste et campe parfaitement le rôle de la jeune épouse complétement perdue par le changement d’attitude brutal et inexplicable de son époux adoré. Enfin, il serait également injuste de ne pas mentionner les excellents seconds rôles: le détective privé, le beau-frère et sa femme Barbara aux tirades implacables « You see, some men just naturally make you think of Brut champagne. With others you think of prune juice ».
Un petit bijou.
Un film que je recommande fortement, disponible en DVD et dans toutes les bonnes médiathèques.
Le mot de la fin revient à Sir Arthur: « A thousand poets dreamed a thousand years, and you were born, my love. «
A bientôt!
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