Bonjour les colibris,
Mai est bientôt derrière nous…
Qu’avez-vous lu durant ce mois pluvieux? Avez-vous des pépites à partager?
Moi je vous raconte tout, les déceptions et les belles surprises.
J’ai commencé ce mois de Mai avec la lecture de La vie, la mort, la vie d’Erik Orsenna.
Cette biographie de Louis Pasteur (1822-1895) se lit comme un roman. Pourquoi cette biographie? L’auteur occupe son fauteuil à l’Académie française. De plus il a été pendant des années, dans la salle de travail de l’institution, le voisin de François Jacob, Prix Nobel de médecine. Ce dernier accablé par son ignorance en biologie lui aurait conseillé d’écrire sur Pasteur, un peu par défi. « Puisque, par on ne sait quel désolant hasard, tu occupes le fauteuil de Pasteur, plonge-toi dans son existence, tu seras bien obligé d’apprendre un peu ! »
Mission accomplie pour moi, j’ai appris des tonnes de choses. Louis Pasteur n’est pas seulement l’inventeur du vaccin contre la rage. Cet hyperactif maladif qui ne savait pas ce que le mot repos signifiait (Cela n’est pas sans me rappeler quelqu’un…) a révolutionné la médecine. Cet homme qui ne riait jamais afin de ne pas gaspiller son énergie et qui ne serrait pas les mains par crainte des microbes, a passé sa vie à faire reculer la maladie et la mort et s’est battu pour imposer les règles de base de l’hygiène. Il a établi les principes de la fermentation, a mis au point la pasteurisation, a créée la stéréochimie et la microbiologie. A côté de ses travaux de laboratoire Louis Pasteur était également un homme de terrain, régulièrement missionné afin de travailler sur des problèmes de santé publique. Une épidémie décime les troupeaux de moutons, de chevaux ou les poules, menace les vignes ou la production de ver à soie? Pasteur s’installait alors sur place, dans les fermes ou les usines, menait l’enquête avec obstination et s’affairait à trouver un traitement. J’ai trouvé cette biographie passionnante. Elle est accessible à tous, pas besoin de se coltiner au préalable la biologie pour les nuls.
Je remercie Erik Orsenna de ne pas en avoir fait un récit hagiographique et de ne pas avoir passé sous silence les zones d’ombre du scientifique. Cependant je reste un peu sur ma faim car j’ai trouvé ce livre trop court.
Souvenez-vous, le mois dernier je m’étais lancé le défi de lire les œuvres de Marguerite Duras. (Quelle folie!)
J’ai donc enchainé avec la lecture d’Un barrage contre le Pacifique dont l’action se situe en Indochine française et dont l’inspiration est largement autobiographique.
Le récit met en scène une mère veuve et ses deux enfants, Joseph et Suzanne, qui survivent difficilement en tentant d’exploiter une concession. Abusée par l’administration coloniale, la mère a investi toutes ses économies dans l’acquisition d’une terre qui est régulièrement inondée et de ce fait incultivable. Elle déploie toute son énergie et place tout ses espoirs dans un projet complétement fou et utopique: construire un barrage pour retenir l’océan et protéger ses rizières. (Cette lutte insensée contre une nature qui finit toujours par s’imposer m’a fortement rappelé La joie de vivre d’Émile Zola). Malgré les difficultés rencontrées et l’obstination, impossible de juger cette mère autrement que détestable. Elle voue un culte à son ainé et traite sa fille avec mépris et brutalité.
L’une des seules distractions de la famille est d’aller au café du père Bart à Ram, un village voisin. C’est là que M. Jo, le fils d’un riche homme d’affaires, tombe sous le charme de Suzanne…
Je pourrais vous en dire plus, vous parler du sujet sous-jacent du délitement de la cellule familiale, de l’ambiance glauque, de l’amour quasi incestueux que porte Suzanne à son frère. Je pourrais écrire des tartines.
Mais je me suis mortellement ennuyée pendant cette lecture qui a été très pénible et j’estime avoir perdu déjà beaucoup trop de temps avec ce roman. Je n’ai pas aimé l’écriture. J’ai souvent dû relire plusieurs fois une ligne ou un paragraphe afin de forcer mon cerveau à continuer à avancer, le leurrer pour lui faire prendre l’élan nécessaire qui le mènerait à la fin d’une page, d’un chapitre et « Alleluia Sister » à la fin du récit. Comme je suis un peu maso, j’ai voulu me faire une avis sur le film réalisé en 2008 par Rithy Panh. J’ai tenu 15 minutes. Je vais tout de même persévérer et donner sa chance à un troisième roman de l’auteure, qui sera peut-être le dernier…
Suite au conseil de Clock du blog Le poisson panneau, j’ai continué avec La terre d’Émile Zola.
Ce roman relate l’histoire d’une famille de paysans à la fois amoureux et totalement esclaves de leur terre qui vont se dévorer et consacrer leur énergie à se nuire. Ce roman est l’histoire de leur lutte sournoise et de leurs stratagèmes odieux motivés par une avidité et une avarice haineuses.
Émile Zola y personnifie la terre et en fait une figure féminine, parfois généreuse mais le plus souvent cruelle. Le rapport à cette dernière est enragé, viscéral. La tentative de sa maîtrise est un combat de tous les jours.
Le récit et la vie des personnage se règlent selon les saisons et les travaux (semailles, moissons, vendanges, labours) et les différentes étapes de la vie (naissance, baptême, mariage, mort). Dans tout le roman, la violence du désir de possession de la terre est omniprésente. Solidement ancrée en chacun, elle les pousse à des actes brutaux, parfois atroces et innommables, les transformant en bourreaux et en assassins. Vous l’aurez compris, ce livre est noir, très noir. Une noirceur violente, bestiale et déroutante, de celle qui ébranle et qui vous donne des frissons dans le dos.
Un roman puissant. Âmes sensibles soyez prévenues.
Je termine avec L’été d‘Edith Wharton.
J’avais lu il y a quelques années Le temps de l’innocence.
Le roman se déroule à North Former, petit village de la Nouvelle-Angleterre, dont Charity Royall a cerné avec désolation les limites. Elle vit avec son tuteur M. Royall, un avocat aujourd’hui veuf, qui l’a recueillie alors qu’elle était toute jeune. Charity avait avant cela vécu dans la mystérieuse et intrigante Montagne, dont les habitants particulièrement pauvres semblent vivre en dehors du système et de toutes normes. L’existence de Charity, beaucoup trop tranquille à son goût, se limite aux rares heures passées dans la minuscule bibliothèque du village dont elle a la charge et où elle s’ennuie fermement. Cette vie étriquée n’est clairement pas pour elle. Elle aspire à une vie définitivement différente. Mais comment s’affranchir de M. Royall ?
L’arrivée d’un jeune architecte, venu recenser et dessiner les anciennes villas des alentours, va changer la donne et élargir ses perspectives. Une complicité va rapidement naitre entre eux. Ce qui ne sera pas au goût de M. Royall et de l’ensemble des habitants du village, où le souci des convenances et des apparences régit l’existence de chacun et où le moindre écart de conduite est sanctionné. Malgré cela, Charity va servir de guide au jeune homme et ils vont parcourir ensemble la campagne environnante. Cette présence inattendue voire inespérée va complétement bouleverser le quotidien de la jeune femme et être à l’origine de nombreux questionnements. L’amour naissant entre ces deux jeunes gens est décrit dans un style simple et fluide, tout en sensualité. Mais ne vous méprenez pas. Ce livre ne se limite pas au récit d’une romance.
**La suite de l’article pourrait être considérée comme du spoiler**
Le désir de liberté et d’émancipation de Charity n’en rendra son apprentissage que plus douloureux. La fin du roman est impitoyable et cruelle et renvoie à l’inexorabilité de la condition féminine de l’époque.
Ce court roman est une belle découverte qui m’encourage fortement à réserver d’autres romans de l’auteure à la médiathèque.
Je suis d’ailleurs en train de lire La splendeur des Lansing. (Bon en fait j’étais en train de le lire mais je l’ai oublié hier, soit au resto ou au ciné… Je pars à sa recherche).
Et maintenant à vous de jouer!
A bientôt,
PS: la petite merveille personnalisée qui me sert dorénavant d’étui à lunettes est l’œuvre de la talentueuse et très sympathique Coco du blog Pas@PasdeChat (Click). Je profite de ce billet pour la remercier de nouveau chaleureusement.
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