Bonjour les petits moineaux,
Que faire un dimanche de Pâques à Paris?
Visiter l’exposition « Lumière, le cinéma inventé » s’est révélé une très chouette idée.
Pour être honnête je craignais que cette exposition dédiée aux origines du cinéma ne soit trop technique, voire un peu fastidieuse.
Que nenni! Les commissaires et la scénographe ont fait du très bon travail!
Allez viens, je t’emmène!
Cette année cela fait 120 ans que le premier film a été tourné par les frères Auguste et Louis Lumière. C’était à Lyon en 1895.
Afin de commémorer cette date le Grand Palais organise une exposition qui raconte l’histoire de la famille, l’histoire de l’industrie et l’histoire des inventions.
En effet le parti pris biographique ici fort pertinent, nous rappelle que la famille Lumière doit être avant tout considérée comme une famille d’industriels.
⍚ Repères chronologiques ⍚
Antoine Lumière, père des frères Louis et Auguste est photographe et possède de 1871 à 1885 un studio dans le centre-ville de Lyon.
Le point de départ de cette saga, c’est l’avènement en 1881 des plaques sèches au gélatino bromure d’argent avec lesquelles la pratique de la photographie va échapper aux professionnels pour s’étendre aux amateurs. Avant cela, la technique était trop complexe, on ne pouvait pas faire de photographie soi-même.
C’est à Louis Lumière que nous devons cette invention fondatrice (amélioration d’un procédé récemment découvert), baptisée Étiquette bleue. Il met ainsi au point une plaque photographique instantanée prête a l’emploi. Il est alors âgé de 17 ans…
Le succès de ce procédé de plaque photographique va nécessiter la construction d’une usine et faire la fortune de la famille.
C’est ainsi qu’Antoine Lumière fonde en 1882 l’usine de Lyon Montplaisir. L’entreprise familiale va se spécialiser dans la fabrication et la vente de plaques sur verre, de papier photographiques et de produit chimiques avant de s’industrialiser et de diversifier leur production avec des pellicules photographiques, de films radiographiques et nombreux autres accessoires.
A l’automne 1894, Esprit curieux, Antoine Lumière se passionne pour toutes les innovations photographiques de l’époque. Il encourage vivement ses fils à s’intéresser à ces images animées sur lesquelles Thomas Edison et quelques autres pionniers travaillent déjà. Cette incitation paternelle et la volonté d’animer et de projeter des photographies est le point de départ de l’aventure qui aboutit à l’invention du « Cinématographe Lumière« .
19 mars 1895: Aux portes de leur société, Louis Lumière tourne La sortie de l’usine Lumière à Lyon . Ce sont les premiers tours de manivelle du cinématographe.
⌦ Amies couturières, sachez que Louis Lumière s’inspira du mécanisme de la machine à coudre qui permet de faire successivement s’avancer et s’immobiliser le tissu pour la conception du mécanisme d’avance intermittente de la pellicule.
Le 22 mars 1895: Démonstration du cinématographe avec la présentation de La sortie de l’usine Lumière à Lyon à la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale à Paris. La projection est un triomphe scientifique. Il faut dire que le choc est grand, pour la première fois, un film est projeté en public dans une salle où plusieurs personnes peuvent le voir en même temps. Le cinématographe est à la fois caméra de prise de vue et projecteur de cinéma.
Le 28 décembre 1895: Antoine Lumière organise la première séance publique et payante de l’histoire du cinéma au salon indien du Grand Café du boulevard des capucines, dans une salle de billard reconvertie pour l’occasion. Parmi les 33 curieux qui ont payé 1 franc pour assister à la projection, se trouvait un artiste magicien et illusionniste, un certain Georges Méliès.
Après un début peu engageant, les séances du salon indien accueillirent jusqu’à 2500 spectateurs par jour.
Ce salon est ici reconstitué et le le visiteur peut y visionner les 10 films restaurés qui furent projetés lors de la séance originelle.
Ci-dessus l’affiche du cinématographe Lumière par Auzolle (1896), considérée comme la première affiche de cinéma en raison de ses dimensions encore en vigueur aujourd’hui. L’affiche définit la teneur du spectacle en montrant le public savourant la projection de « l’arroseur arrosé ».
Quelques jours seulement après les premières séances publiques, les frères Lumière décident que le cinématographe doit parcourir le monde.
Ils embauchent des jeunes gens débrouillards, des opérateurs, afin de sillonner le monde, tourner des films et constituer un large catalogue d’images en mouvement afin de les diffuser. Ces derniers sont équipés d’un appareil qui présent l’immense avantage d’être léger (5 kilos) et de pouvoir être transporté dans une caisse de la taille d’une valise.
L’expansion est fulgurante et les opérateurs diffusent les premières » vues » dans le monde entier. Plus de 1400 films sont ainsi réalisés.
A côté du récit de cette saga familiale, l’exposition nous rappelle également que l’invention du cinéma fut le résultat d’un long cheminement et reconnait à chacun des grands prédécesseurs des Lumière, leur place dans cette extraordinaire aventure.
En effet nombreux sont ceux qui ont cherché à animer les images et ont tourné autour de l’idée.
C’est ainsi que de nombreuses inventions antérieures au cinématographe sont présentées. On retrouve les fameuses lanternes magiques qui permettent de projeter des images peintes sur des plaques de verres à travers un objectif, via la lumière d’une chandelle ou d’une lampe à huile, les phénakistiscopes, praxinoscopes, zootropes, thaumatropes (tiens cela me fait penser à ça) et autres jouets optiques et enfin le kinétoscope de Thomas Edison.
Ce dernier ouvrit la voie au cinématographe et n’était pas loin du but mais ses films étaient emprisonnés dans une boîte noire et visibles uniquement par une seule personne à la fois.
Pour finir un mot sur l’incroyable scénographie.
L’espace consacré à l’exposition n’est pas immense, mais il est remarquablement mis en scène.
Il y a très peu de cloisons dans cette immense salle et l’on circule alors avec facilité et fluidité au sein de cette exposition interactive qui fait néanmoins la part belle à l’émotion.
La scénographie et le fait de se retrouver face aux personnages, appareils et films témoins de la naissance du cinéma ont suscité en moi un émerveillement qui devait être proche de la magie originelle ressentie par les premiers spectateurs.
(Ah oui et merci Monsieur Vélasquez d’avoir attiré à vous la majorité des visiteurs en ce dimanche. Mais sachez que vous ne payez rien pour attendre).
Après le Grand Palais, l’exposition se fera itinérante pour aller s’installer en Italie, Russie, États-Unis, Canada, Argentine, Corée, Brésil.
Elle terminera son voyage en étant accueillie par l’un de ses co-producteurs, le nouveau Musée des Confluences à Lyon.
Institut Lumière ( Click).
3 Avenue du Général Eisenhower 75008 Paris
Tel : 01 44 13 17 17
Du 27 mars au 14 juin 2015
De 10h-20h, fermé le mardi
Nocturnes : mercredis, jeudis, vendredis et samedis jusqu’à 22h
A bientôt!
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