Bonjour les petits rouge-gorges,
Aujourd’hui je reviens avec un livre, le royaume d’Emmanuel Carrère.
Un livre qui a fait le buzz et qu’on ne présente plus et pourtant c’est sur ce titre que j’ai arrêté mon choix.
Tout est parti du match littéraire organisé par Price Minister.
Le principe est simple et carrément sympa: on sélectionne un livre dans la liste proposée, on confirme sa participation en remplissant un formule d’inscription et en s’engageant à rédiger un post sur le livre. Et tout cela on le fait rapidement afin d’être dans les 800 premiers inscrits….
Bien évidemment Bibi est arrivée trop tard mais coup de génie de cette année : les retardataires avaient une seconde chance de participer. En effet il a été proposé aux blogueurs participants d’envoyer leur livre une fois leur critique rédigée aux blogueurs qui n’auraient pas été assez vifs^^.
Mon statut de « blogueuse en attente » n’a pas, à mon plus grand étonnement (et plaisir) duré bien longtemps (bon ok honnêtement je n’y croyais pas trop mais le système fonctionne très bien) et j’ai pu très rapidement me plonger dans la lecture.
Le quoi et le pourquoi du livre
Dans ce livre l’auteur mène une enquête érudite sur les origines du christianisme et ce essentiellement à travers les destins de l’apôtre Paul et de l’évangéliste Luc.
Il enquête sur les premiers chrétiens et sur l’évolution d’une petite secte de Galilée qui a donné naissance a une des religions les plus répandues sur terre.
Pourquoi ne pas avoir écrit sur la vie de Jésus?
Parce que selon Emmanuel Carrère, des vies de Jésus il en existe énormément, parce que en gros «Jésus on connaît», même les lecteurs les moins exposés au christianisme. Alors que l’histoire du petit groupe qui croyait en sa résurrection et qui a commencé à essaimer sur les cinquante années qui ont suivi la mort de Jésus, est une histoire beaucoup moins connue.
L’auteur admet également une sorte de crainte référentielle à l’égard de Jésus.
Une autre raison pour laquelle il a choisi de raconter la naissance du christianisme à travers la figure de Luc, est que c’est le seul des évangélistes qui se présente dans le prologue de son évangile comme un historien ayant rassemblé les maximum d’informations fiables.
« Son projet est celui d’un historien ou d’un reporter. Il dit s’être très précisément informé de toute l’affaire depuis l’origine. (…) Je ne vois aucune raison de ne pas le croire, et mon projet à moi, c’est d’enquêter sur ce qu’à pu être cette enquête.« »
Le travail de l’auteur se révèle être avant tout de rendre ce qu’a pu être cette enquête menée par Luc.
Mais pas seulement, il enquête également sur lui-même.
En quoi ce livre est-il à la fois une enquête d’historien et un récit personnel?
En cela que le récit s’appuie sur des retrouvailles avec une période de sa vie, qui constitue la première partie du livre. (Partie la moins intéressante selon moi).
Une période de grand désarroi pendant laquelle il n’arrivait plus à écrire et pendant laquelle il a pris la foi chrétienne comme planche de salut. Foi dans laquelle il s’est absorbé de manière très fervente, en allant à la messe tous les jours, en communiant, en se confessant, en n’ayant que des lectures pieuses et en commentant dans des cahiers l’évangile selon Saint Jean.
Entre 1990 et 1993, durant ses « années chrétiennes » il remplira 18 Cahiers qui sont autant de documents et d’archives qui racontent son expérience personnelle au contact de la foi et qui serviront à l’écriture du roman.
Ces carnets ont été relégués dans un placard pendant un moment et il y a quelques années (7) Emmanuel Carrère a souhaité revenir sur cet épisode personnel. Il a voulu reprendre ces carnets commentés, s’y replonger et les utiliser dans une approche alors différente qui est celle d’un agnostique, d’un septique, qui n’y croit plus mais que le sujet passionne.
Ce livre difficile à classer serait alors une enquête menée sur la cinquantaine d’années pendant laquelle s’est fixée ce que l’on appelle le nouveau testament, une enquête sur l’enquête menée par Luc, inscrite dans le récit de l’expérience personnelle de l’auteur avec la Foi.
A côté de cette enquête méticuleuse qui a demandé un travail de recherche considérable, l’auteur affiche ses propres hypothèses et avoue avoir pris certaines libertés. Selon lui, « les repères étant très incertains, il a assez peu de choses qu’on puisse tenir pour absolument assurées« .
Cependant il a pris grand soin à ce que le lecteur sache à quoi s’en tenir et puisse d’emblée savoir s’il s’agissait de faits assurés sur lesquels s’accordent la majorité des historiens ou de libertés prises :
» Si je suis libre d’inventer c’est à la condition de dire que j’invente… » (P485)
« Cette hypothèse est hardie, elle n’engage que moi. » (P461)
« C’est un personnage de fiction, tout ce que je soutiens c’est que cette fiction est plausible… » (P466)
Ce que j’en pense
C’est un livre particulier qui mélange différents genres: l’enquête, la recherche historique, les considérations personnelles.
Cette association sur un tel sujet a du en déranger plus d’un, pas moi.
A côté de cela le style est fluide et agréable, le ton souvent drôle et ironique.
Je dois avouer cependant qu’après des débuts prometteurs et enthousiasmants, la lecture des 100 dernières pages a été laborieuse. (Le livre en compte 630).
J’ai calé comme après un abus de sucreries, je me sentais lourde et avait du mal à avancer.
C’est que la quantité des informations ingurgitées est conséquente. La base de mes connaissance sur le sujet étant légèrement fissurée, il m’a fallu la consolider afin de pouvoir continuer la lecture de manière effective et agréable.
En ce sens, une pause s’est imposée à mi-chemin.
Tout d’abord afin de comprendre les motivations de l’auteur. J’ai regardé pour cela quelques vidéos en replay et écouté quelques podcasts qui m’ont bien éclairée et qui ont facilité le reste de la lecture. Dans un second temps j’ai également révisé 2/3 choses afin de ne pas avancer dans le brouillard.
Ce qui est indéniable c’est que c’est un livre singulier, ambitieux (l’ampleur du projet est stupéfiante) et inclassable.
Un livre qui nous apprend énormément de choses…Et en cela je lui suis reconnaissante.
Est ce que ce livre est à mettre entre toutes les mains? Je ne le crois pas.
A réserver à mon sens aux lecteurs qui portent un minimum d’intérêt pour le sujet, pour l’Histoire et qui souhaite en apprendre davantage sur l’origine des premiers chrétiens.
Je ne pourrais pas situer ce livre dans la bibliographie de l’auteur car je n’avais lu jusque-là que « La moustache », que j’avais d’ailleurs oublié. ( D’où l’intérêt d’un blog….^^).
Ce que je peux vous dire c’est que je suis sur le point de commencer un autre de ses livres…
A bientôt!
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