Goncourt 2013

Par Posté dans - Livres le 18 octobre 2015 19 Commentaires

Bonjour les rouge-gorges,

Je ne sais pas vous mais, alors qu'un livre titille ma curiosité dès sa sortie, je fais parfois mine de l'oublier.
Surtout quand ce dernier connait un succès certain.
Je m'y plonge alors après la foule, non sans plaisir, impatiente de le découvrir à mon tour. Et souvent je me régale.
C'est ce qui s'est passé avec Au revoir là haut de Pierre Lemaitre, Goncourt 2013.
8.Au revoir Là haut
Pierre Lemaitre ne m'était pas inconnu. Le coquin m'avait fait frissonner et avait déjà joué avec mes nerfs avec deux polars anxiogènes au possible Travail soigné et Robe de mariée. Aussi, intriguée par ce changement de cap, j'étais curieuse de découvrir son premier roman "historique".
Jusqu'à présent auteur de romans policiers/thrillers, l'auteur a choisi ici de situer l'action de son roman dans l'après première guerre mondiale. 

Pourquoi écrire sur la première guerre mondiale?
Pierre Lemaitre a toujours voulu écrire sur la première guerre mondiale et ce depuis son adolescence et l'époque où il découvre vers 17 ans les premiers grands récits de guerre, notamment avec la lecture des Croix de bois de Roland Dorgeles qui le bouleverse.
Pourquoi avoir choisi précisément cette période de l'après guerre?
Quand il a commencé à travailler sur cette guerre, il s'est rendu compte que l'avant guerre et la guerre étaient deux périodes richement traitées et formidablement bien documentées et racontées. Alors que lorsqu'il s'est intéressé à l'après guerre, il a été frappé par ce paradoxe (Également présent dans La victoire endeuillée de Bruno Cabanes) : on commémore énormément les morts mais on s'occupe peu des vivants.
La trame romanesque était trouvée.
6.Au revoir Là haut
Les premiers chapitres du roman nous plongent dans les derniers jours de la Grande Guerre, dans la boue et l'enfer des tranchées.
50 pages hallucinantes, percutantes, violentes et incisives, qui m'ont aspirée et pendant lesquelles nous rencontrons les trois personnages principaux du récit.

Le premier de ces personnages est le capitaine Pradelle, aristocrate désargenté qui court après la reconstruction de la fortune et de la renommée de sa famille.
A côté de celui-ci on trouve deux soldats, Albert Maillard, homme discret d'origine modeste, angoissé et faible et Édouard Péricourt, jeune artiste plutôt extravagant dont la famille est quant à elle très riche.

Ces deux-là vont, après un évènement qui va sceller leur destin, former un drôle de tandem, toujours solidaire, souvent tendre et vont tenter au fil des pages de survivre et de trouver leur place dans cette France d'après guerre.
5.Au revoir Là haut
Au cœur de ce roman, deux scandales.
Le premier, inspiré par des faits réels survenus en 1920 et 1921.
En cause une affaire révoltante, celle de milliers d’exhumations illégales de soldats morts au combat, sujet traité par l'historienne Beatrix Pau dont l'auteur a utilisé le travail. Durant la guerre, de nombreux cimetières improvisés émergent non loin des lignes de front, où sont enterrés des centaines de milliers de soldats morts au combat. A la la fin de la guerre il faut déterrer ces morts pour les rendre aux familles ou les transférer dans des nécropoles militaires.
Un travail titanesque nécessitant une logistique considérable. Le gouvernement incapable de prendre cette mission en charge, diligentera des sociétés privées. S'en suivra un commerce honteux sur les cadavres de ces soldats.
Le second, une escroquerie aux monuments aux morts, fictive et astucieuse, imaginée par Édouard Péricourt, et qui sera menée de front par les deux compères. Une arnaque audacieuse et cynique, d'envergure nationale.

Au cœur de ce roman également, une réflexion sur le retour des soldats rescapés dans une société qui ne sait pas comment s'occuper d'eux, qui n'arrive pas à leur trouver un travail et un logement et qui peine même à leur verser leur pension. Des soldats qui vont tomber dans la précarité et dans l'exclusion.
Voilà le sujet du roman.
2.Au revoir Là hautCette fiction est servie par une architecture remarquable et une écriture d'une fluidité déconcertante.
Le style est très "visuel" et non dénué d'un certain humour, le plus souvent caustique.

J'ai tenté sans succès de faire durer les 20 dernières pages et ce alors que j'avais dévoré avidement les 580 premières.
J'espère que le prochain gros coup de cœur n'est pas loin et qu'il viendra rapidement prendre le relais.
Je compte sur vous et vos conseils.

Il est certains livres que l'on regrette d'avoir terminés, ce livre étonnant fait partie de la liste.

On se quitte avec les premiers mots du livre, d'une lucidité ironique et détachée :

«Ceux qui pensaient que cette guerre finirait bientôt étaient tous morts depuis longtemps, de la guerre justement.»

Belle semaine.
A bientôt

*Le chouette marque page visible sur la 3ème photo m'a été gentiment offert par la très sympathique Olivia, du blog Chez Olivia (Click).

(19) commentaires

  • Renée - Répondre

    18 octobre 2015 at 17:59

    Bonsoir,

    Moi aussi j’ai dévoré ce livre. Je ne connaissais pas cet auteur, mais c’est un style fluide. J’ai choisi ce livre à la bibliothèque, mais un peu en reculant, parce que une histoire de la grande guerre c’est pas tentant.
    Mais j’ai été captivée par ce roman.

    Renée

    • allmadehere - Répondre

      19 octobre 2015 at 07:08

      Bonjour,
      Vous avez bien fait de choisir ce livre malgré vos réticences. Comme quoi, parfois, il faut aller au-delà de ces première impressions, ça peut réserver de belles surprises.
      Bonne journée!

  • Chez Olivia - Répondre

    18 octobre 2015 at 19:21

    Je met ce livre dans ma liste à lire. Il à l’air chouette !! Et merci pour le clin d’oeil!

    • allmadehere - Répondre

      19 octobre 2015 at 07:11

      J’ai trouvé ce livre étonnant ( je n’avais rien lu sur lui afin de ne pas gâcher ma lecture) et captivant. Tu m’en diras des nouvelles si jamais tu te plonges dedans.
      Et tout le plaisir est pour moi, qui ai eu la chance de recevoir ces chouettes marque-pages.
      A bientôt

  • pas@pasdechat - Répondre

    18 octobre 2015 at 22:16

    Le thème général ne me tente guère, mais si tu es si enthousiaste, c’est qu’il doit y avoir une bonne raison… Les plus belles surprises sont celles que l’on n’attend pas. J’ai découvert Karine Giebel cet été avec le « purgatoire des innocents », l’histoire est vraiment horrible, mais c’est très bien écrit. Je n’ai pas réussi à le lâcher. Je garde ton titre, au cas où…

    • allmadehere - Répondre

      19 octobre 2015 at 07:17

      Bonjour Coco, ce livre est vraiment captivant. Garde-le dans un petit coin de ta tête, tu ne seras pas déçue. Je viens de lire le pitch du purgatoire des innocents…Pouah, cela semble horrible, angoissant & terrifiant. J’ai vu qu’il était dispo à la médiathèque, je vais tenter. Tant pis si je dors moins bien la nuit après cela….

  • aurélie - Répondre

    19 octobre 2015 at 07:51

    Je garde ton livre de côté aussi au cas où je manque d’inspiration lors d’une virée à la librairie…tu piques ma curiosité même si le thème ne m’inspire pas beaucoup.
    Gros bisous

    • allmadehere - Répondre

      19 octobre 2015 at 08:37

      Je comprends ta réaction par rapport au thème mais si jamais tu as l’occasion de le lire, je pense que tu ne seras pas déçue.
      Belle journée la souris!

  • micheleD - Répondre

    19 octobre 2015 at 08:28

    J’ai Adore ce livre dévorant , tout comme cette vilaine ( une de plus) guerre qui l’a aussi été. Comme toi, seulement juste lu avant les dernières grandes vacances, du coup on n’est plus tributaire de l’effet média. Et les 2 thèmes abordés sont incroyables .
    j’ai même envie de croire au scandale fictif des monuments aux morts tellement la malice humaine peut être sans limite. Enfin, la relation de ces 2 hommes est magnifique. Impossible rencontre dans la « vraie vie ». C’est le seul bon point de ce triste moment.

    • allmadehere - Répondre

      19 octobre 2015 at 08:42

      Bonjour,
      Je suis complétement d’accord avec toi pour ce qui concerne l’effet média. Il vaut mieux s’en préserver afin de découvrir le livre sans « influences » externes et de savourer la lecture sans parasite.
      Merci pour ton commentaire et à bientôt!

  • Rose Prune - Répondre

    19 octobre 2015 at 10:56

    La première guerre mondiale traitée dans un roman m’intéresse toujours de toute façon;).
    Bisous à toi!

  • Hugues GERAUX - Répondre

    19 octobre 2015 at 19:44

    Hello,
    Tout à fait d’accord avec toi, ce livre est captivant.
    mais moi, je l’ai lu « à petites doses » pour faire durer le suspens et rester le plus longtemps possible en compagnie de
    ces deux braves soldats (que beaucoup, à l’époque, ont oublié).
    la guerre était le nerf de l’argent.

    • allmadehere - Répondre

      20 octobre 2015 at 13:27

      C’est une bonne approche la lecture « à petites doses » mais je suis incapable de la mettre en pratique! ^^
      Il faudrait pourtant m’y mettre, afin de faire durer le plaisir de lecture dans les cas de coups de cœur instantanés.
      En tout cas, ils vont me manquer ces deux-là!

  • Girlie Cinéphilie - Répondre

    20 octobre 2015 at 11:20

    Tu donnes vraiment envie de le lire, d’autant plus que la première guerre mondiale est éminemment littéraire.
    Mais il va falloir que je vide un peu ma bal avant (je me suis promis de ne rien acheter avant d’en avoir écouler au moins 10 ouvrages, je tiens le coup pour l’instant…)

    • allmadehere - Répondre

      20 octobre 2015 at 13:35

      Y’a quoi de beau dans ta BAL? (ouais je suis curieuse).
      J’avais une liste à écouler aussi et puis je suis tombée sur ce livre chez ma môman…Je suis moins forte que toi. Bon courage pour tes 10 ouvrages.

      • Girlie Cinéphilie - Répondre

        20 octobre 2015 at 17:18

        C’est horrible, y’a plus de trente bouquins, des cadeaux, de la SF, du classique que je fais trainer, du polar, des trucs que je sais même plus ce que c’est et pourquoi je les ai achetés (sûrement attirée par le beau chant de sirène du conseil de ma libraire). J’ai honte…

  • bluettine - Répondre

    27 octobre 2015 at 12:43

    Ce n’est pas la première fois que j’entends parler de cet auteur. Je vais finir par me laisser tenter…

    • allmadehere - Répondre

      28 octobre 2015 at 10:29

      Je te conseille particulièrement ce titre, sauf si tu veux frissonner et avoir des sueurs froides alors dirige vers ses polars…A bientôt

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