Bonjour les petites mésanges,
Les gens dans l’enveloppe d’Isabelle Monnin est le livre que je vous propose de découvrir aujourd’hui.
Je viens de le refermer, il m’a beaucoup plu et j’ai eu envie de partager l’expérience avec vous.
Comment est né ce projet hybride de livre qui propose à la fois un roman et une enquête, et qui s’accompagne d’un disque et d’un porte-folio?
En juin 2012, Isabelle Monnin achète sur un site d’enchères un lot de 250 photos d’une famille inconnue.
Des photos somme toute banales, qui ne présentent aucun intérêt particulier, le plus souvent mal cadrées et pour certaines floues, mais familières.
Leur imperfection émeuvent l’auteure. Elles ont un côté universel sur lequel elle peut projeter tout ce qu’elle veut.
Intriguée, elle se demande pourquoi ces photos ont été abandonnées.
(Et là vous vous demandez de votre côté: mais pourquoi acheter des photos d’inconnus? Cet achat fait suite à une conversation entre Isabelle Monnin et un de ses amis, qui lui a raconté qu’il était possible d’acheter sur internet des photos de famille dont les gens souhaitent se débarrasser. Cet accès à des morceaux de vie dispersés intrigue l’auteure).
Quelques mois plus tard (mai 2013), fascinée par ces clichés d’anonymes, elle décide dans un premier temps de leur inventer une vie en s’appuyant sur les détails présents sur les photos qui sont autant d’indices sur le quotidien d’une vie et d’une famille.
Elle imagine des prénoms.
Puis elle décide de mener l’enquête. Surtout pas l’inverse afin que l’imaginaire ne soit pas parasité par le réel.
Son ami Alex Beaupain, séduit par le projet, lui propose d’accompagner le roman de chansons.
Voilà, le pitch est posé. Je ne sais pas vous, mais moi, j’ai immédiatement était séduite par l’idée. Ma curiosité était titillée. J’ai littéralement plongé dans ce bouquin.
Isabelle Monnin indique que deux photos l’ont particulièrement interpellée, celle d’une petite fille portant un pull en laine très caractéristiques des années 70 et celle de trois femmes devant une rôtissoire de camping portative.
Qui trouve t’on sur les autres photos?
Une femme âgée aux lunettes fumées, qui incarne pour l’auteure la mamie, une figure masculine effacée qui sera le père et cette petite fille.
Cependant aucun photo n’affiche le portrait d’une mère.
Pourquoi cette absence? L’auteure échafaude 3 théories: cette dernière prend toujours et systématiquement les photos ce qui explique qu’elle n’apparait pas, elle est morte ou elle est partie.
L’auteure a préféré imaginer que la maman était partie plutôt que morte, et brode alors son histoire autour de ce départ.
La 1ere partie correspond au roman, à l’histoire inventée à partir des photos. L’auteur prend différentes voix qui se succèdent : celle de l’enfant, de la mamie, de la mère absente.
Dans cette partie les phrases sont d’une incroyable beauté et touchantes. Le ton est nostalgique. Surtout quand elle fait parler la petite fille.
Dans la seconde partie l’auteure nous relate son enquête et l’histoire recueillie où son imaginaire se confronte aux destins réels.
Elle va chercher ce qui reste des gens trouvés dans l’enveloppe.
Certaines similitudes entre le roman et la réalité découverte sont assez troublantes.
Le village de Clerval où ont été prises le photos, est retrouvé grâce à la photo d’un clocher qui figure sur l’une d’entre elles, que l’auteur réussira à identifier grâce à un moteur de recherche bien connu.
Elle commence par rencontrer des habitants qui lui parlent de cette famille et retrouve la maison où ont été pris une partie des clichés.
Cette maison est à vendre et Isabelle Monnin prend rendez-vous avec l’agence immobilière pour la visiter. A sa grande surprise le propriétaire, le père supposé des photos, sera présent pendant la visite.
L’auteure part alors à la rencontre des ces anonymes et la réalité se révélera encore plus émouvante que la fiction.
Partant du postulat que toute vie vaut d’être racontée et d’une volonté d’exposer la vie des gens dont on ne parle jamais, Isabelle Monnin nous emmène dans un voyage nostalgique où il est souvent question d’immobilité, d’engourdissement, d’effritement, de solitude et d’ennui et surtout d’abandon.
Un très joli voyage qui nous prouve que chaque vie est à la fois ordinaire et extraordinaire.
Et vous, que lisez-vous quoi en ce moment?
A bientôt!
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