Bonjour les petits moineaux,
Aujourd’hui je vous parle de « Mudwoman« de Joyce Carol Oates, lu dans le cadre du Prix du meilleur roman des lecteurs du points.
Aventure à laquelle je participe avec joie, ayant eu la chance d’être sélectionnée afin de faire partie du jury composé de 40 lecteurs et de 20 libraires.
Un prix littéraire dont les lectrices et les lecteurs désignent le lauréat est un postulat de base alléchant & excitant auquel je n’ai pu résister car synonyme pour moi de belles découvertes et de partage.
Le principe est le suivant: chaque juré reçoit 10 romans récemment publiés par les éditions Points afin d’élire en juin le meilleur d’entre eux.
J’ai choisi de vous parler aujourd’hui d’un des 8 romans reçus à ce jour. ( Plus d’information sur le sujet ici).
Mudwoman nous parle de Meredith, fillette abandonnée et laissée pour morte dans les marécages boueux et nauséabonds de la Black Snake River à l’âge de 3 ans par sa mère démente et fanatique.
Secourue in extrémis, elle sera adoptée par un couple de quakers idéalistes et bien intentionnés qui l’élèveront dans le déni d’un passé jugé trop toxique.
Rempart qui s’avérera finalement une protection bien vulnérable face à ce traumatisme originel refoulé et à la persistance d’un passé qui ne demandera avec le temps qu’à ressurgir et à hanter Meredith.
Le roman se concentre sur ce personnage féminin, enfant timide qui deviendra à force d’acharnement et de travail, Docteur en philosophie puis à 41 ans la première femme présidente d’une université américaine.
Le récit est une alternance des chapitres de sa vie actuelle et de ceux racontant ses premières années et son enfance.
En apparence Meredith est une battante qui souhaite réformer la structure de l’université afin de donner une place aux exclus.
Sans mari ni compagnon ( elle vit une relation illusoire et sporadique avec un homme marié), elle se concentre exclusivement sur sa carrière et fait tout pour ne pas penser à son passé.
Elle paie cette réussite professionnelle par une grande solitude et va finir par s’embourber dans ses souvenirs qu’elle a toujours tenté de refouler.
Le récit se développe au milieu de 2 crises.
Une crise « collective » que connait l’Amérique au début de la guerre en Irak où les débats font rage et où les tensions montent entre les partisans pro-guerre et les autres, persuadés que la guerre est le dernier des recours à intenter. Et une crise personnelle, celle qui secoue et déstabilise Meredith.
Comme souvent dans les romans de JCO le monde extérieur est décrit avec précision et détails, et fortement ancré historiquement alors que le monde intérieur, celui de son personnage, oscille ici constamment entre réalité, fantasme et divagation.
Ces passages rêvés et fantasmés sont déstabilisants pour le lecteur car l’ambiguïté règne et le doute demeure, nous renvoyant constamment à la grande fragilité de Meredith.
Meredith est-elle victime d’un horrible cauchemar? D’une hallucination délirante?
L’héroïne évolue dans des » contre-mondes » qu’il est parfois ardu de pénétrer et d’assimiler comme tels.
Pour conclure, je dirais que Mudwoman est un roman intense, absorbant, profond et exigeant, complexe de par sa densité mais remarquablement structuré, comme nombre des romans de JCO.
Auteure américaine prolifique que j’ai découverte en 2013, elle dépeint généralement dans ses romans un visage sans concession de l’Amérique.
Soyez prévenus, son style est très personnel, fascinant & dérangeant, et pourrait en rebuter plus d’un.
(Je tiens à remercier la grippe, pardon THE grippe, la vilaine et tant décriée à raison, qui me garde au lit depuis maintenant 7 longs jours et grâce à laquelle j’ai pu rattraper une partie de mon retard en lecture. Cependant si cette dernière pouvait me lâcher la grappe et me permettre de reprendre ma vie normale d’hyperactive actuellement frustrée et de revoir mes amis, ce serait top).
A bientôt
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