Une envie de taffetas, de satin, de mousseline, de robes de soirée et de minaudières? Le tout dans l’esprit des 50’s et signé par les plus grands couturiers de l’époque: Dior, Balanciaga, Cardin, Chanel et Givenchy?
En route pour le Palais Galliera & l’exposition sur la mode des années 50….
Issues des collections du Palais Galliera, les pièces exceptionnelles de cette exposition retracent en quelque 100 modèles & accessoires, l’évolution de la silhouette et de la mode féminines de 1947 à 1957.
Le musée s’est penché pour notre plus grand plaisir sur le style si caractéristique de cette époque et sur les noms qui l’ont profondément marqué.
Le parcours de l’exposition est découpé en « vestiaires thématiques » :garde-robe de jour, du soir, tenues de cocktail ou pour la plage, dessous et lingerie, afin de permettre le décryptage de la mode féminine en France entre 1947-1957.
Ces années vont être décisives pour la haute couture française: Paris va redevenir la capitale de la mode, les françaises vont retrouver leur féminité, tandis que fermées durant la guerre, les maisons de couture se relèveront avec panache et s’apprêteront à vivre leur âge d’or. La page de la restriction, de la morosité et de la gravité va pouvoir être tournée.
Ce n’est pas un hasard si l’exposition débute en 1947, lorsque Christian Dior présente sa première collection à la presse, dans le salon du 30 avenue Montaigne.
Ce défilé qui présente des silhouettes inédites, va alors bousculer l’ordre établi et modifier définitivement le paysage de la mode.
Comment?
Christian Dior modifie et recompose la silhouette.
Une définition nouvelle de la féminité, qui met dorénavant le corps de la femme en avant, voit le jour et va marquer durablement les esprits.
Une de ses robes, le modèle à succès « bonbon« , dite robe d’après-midi simple, incarne cette nouvelle étape et ouvre par ailleurs l’exposition.
Mais quelles sont ces nouveautés qui vont révolutionner la mode de l’époque?
Avec la collection de Christian Dior, apparaissent des silhouettes à la poitrine avantageusement marquée, à la taille soulignée et cintrée à l’excès (étranglée?), aux hanches épanouies et à la jupe ample et légèrement rallongée en comparaison des saisons précédentes et surtout des autres couturiers.
L’industrie de la corseterie va d’ailleurs connaître un renouveau et un regain exceptionnel d’activité pour permettre de façonner les corps selon cette nouvelle silhouette: Soutien-gorge pigeonnants, gaines, guêpières et jupons vont inonder le marché.
Cette collection si riche en tissu (une robe du soir pouvait nécessitait jusqu’à 23 m de tissu) fait scandale en France comme de l’autre côté de l’Atlantique et choque après les années de restriction imposées par la Seconde Guerre Mondiale.
Mais cette silhouette, appelée également « sablier », jugée au départ révoltante, finira par devenir mythique.
Alors que la France et l’Amérique crient au scandale, Carmel Snow (rédactrice en chef de Harper’s Bazaar), elle, crie au génie et rebaptise cette collection « New Look » (nouvelle silhouette). Cette formule restera et lancera la légende DIOR.
Avec son New Look révolutionnaire, Dior écrit une nouvelle page de l’histoire de la mode. Il veut redonner aux femmes « le goût de la légèreté et l’art de plaire ».
Avec l’après-guerre, l’activité mondaine reprend progressivement, les revues de mode se multiplient et la société de consommation s’installe.
L’exposition nous démontre qu’à cette époque, chaque moment de la journée, chaque occasion, était déterminé par une toilette spécifique.
En effet, les femmes qui en avaient les moyens se changeaient au moins quatre fois par jour….
Le visiteur déambule ainsi au milieu de robes dites d’après-midi, de cocktail, de cortège, de garden party, de restaurant, de petit soir, de grand soir, de réception…
J’en passe…
Et quelle poésie!
A l’époque on n’enfilait pas une robe-bustier ou tablier.
Non Madame.
On portait « Nuit fraiche », « Soirée Fleurie », « Porcelaine », « Aurore » ou encore « Sérénade ».
Alors qu’elle célèbre la féminité dans sa version la plus glamour et la plus pulpeuse, force est de constater que la mode des années 50 est dominée par des hommes.
Aucune femme parmi les couturiers qui comptent.
À l’exception de Gabrielle Chanel qui orchestre son grand retour (A plus de 70 ans!) en décidant de briser les codes établis par ces messieurs.
En effet, à l’opposé du style qui se répand, elle réinvente également la silhouette féminine en lui donnant des lignes droites et des formes strictes & austères dès 1954 et, en relançant l’esprit androgyne.
L’exposition nous apprend également que les années 50 précèdent de peu l’avènement du prêt-à-porter et favorisent son apparition.
En effet les diktats imposés par la haute couture, son raffinement poussé à l’extrême, ont fait du vêtement un sorte de prison de luxe.
Certaines femmes vont rechercher davantage de naturel et de liberté, et cette quête sera le tremplin pour le prêt-à-porter naissant.
Nous retrouvons ainsi Brigitte Bardot et Françoise Sagan.
La première fait tourner les têtes en jupon ou pantalon corsaire, chaussée de ballerines.
La seconde s’affiche en Chanel épuré ou pantalon cigarette et petit pull.
Cette tendance achèvera de lancer le prêt-à-porter et ouvrira la voie à de nouvelles manières de porter et d’envisager la mode.
Cette arrivée du prêt-à-porter sonnera le glas de cette époque fastueuse.
Christian Dior disparaît en 1957. Le jeune Yves-Saint-Laurent reprendra les rennes de la maison et une nouvelle page de la couture pourra alors s’écrire.
Rien d’étonnant après cela, de constater que la mode des 50’s est une inépuisable source d’inspiration qui revient cycliquement & éternellement sur les podiums…..
Que ceux qui n’ont jamais bavé sur les tenues d’Audrey Hepburn me jettent la première pierre…
Cette exposition se tient depuis le 12 juillet et jusqu’au 2 novembre 2014 au palais Galliera, musée de la mode de la ville de Paris.
A bientôt!
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