Bonjour les rouge-gorges,
Je n’arrive plus à faire de ce rendez-vous Lecture un rendez-vous mensuel.
Ce n’est pas bien grave. J’aime ce rendez-vous, j’aime ces moments d’échanges et de partages et tant pis si la périodicité est un peu irrégulière.
Venez découvrir les derniers livres qui m’ont intriguée, surprise et envoûtée!
La dernière fois que j’ai causé Lecture avec vous, je vous avais parlé de mon coup de cœur pour L‘étrange disparition d’Esme Lennox (ici) de Maggie O ‘Farrell. J’ai donc eu des étoiles dans les yeux en découvrant qu’elle avait sorti un nouveau livre.
Dans ce huitième roman, pour lequel elle a reçu le Women prize for fiction, elle invente et brode autour de la vie du fils de William Shakespeare, Hamnet, qui porte le même prénom que la pièce la plus célèbre du dramaturge. En effet, il n’y a aucune différence entre Hamnet et Hamlet. C’est le même prénom, totalement interchangeable. Mais rassurez-vous, si vous ne connaissez rien à Shakespeare et si vous n’avez pas lu Hamlet, aucun problème. Il en était de même pour moi. Ce livre est accessible à tou.tes. Pas besoin d’être spécialiste pour l’apprécier.
D’ailleurs William Shakespeare n’est jamais nommé afin de ne pas charger le récit d’une présence qui pourrait être trop écrasante. Jeune il est le fils de son père, puis le mari d’Agnès et le père de ses enfants. C’est un personnage annexe du récit, contrairement à sa femme Agnès. Une femme hors-norme un peu étrange, au don de voyance et guérisseuse, qui est restée dans l’ombre de son mari écrivain et qui a souvent eu une mauvaise réputation. Un personnage intriguant et magnétique qui m’a immédiatement envoûtée. Nous sommes en 1596 et l’autrice s’est ici intéressée à ce petit garçon Hamnet qui a été complétement oublié par l’Histoire et dont très peu de gens connaissent l’existence. C’est un roman librement imaginé à partir de certains faits réels, qui lui permet des développements sur l’amour maternelle et sur le deuil. Le plongeon dans la vie quotidienne rurale de l’époque élisabéthaine est bluffant. L’écriture est puissante et sans fioriture. L’ensemble est très rythmé et la lecture totalement addictive. Le voyage littéraire est merveilleux, le monde créé est un poil onirique et s’apparente parfois au conte. On regrette qu’il ne dure pas plus longtemps.
Les secrets de ma mère de Jessie Burton
Je ne sais pas si tu te souviens, et si tu étais déjà là, mais pendant l’été 2017 j’ai eu énorme coup de cœur pour Miniaturiste que j’avais partagé ICI avec toi. Et grâce à Coco du blog Pas@pas de Chat, j’ai découvert que Jessie Burton avait également sorti un nouveau roman. Décidément!
Le récit, construit sur deux temporalités, alterne les points de vue entre le passé et le présent, entre la mère et la fille et fait dialoguer ces deux femmes à trente ans de distance. Ce n’est pas un procédé novateur mais cela fonctionne bien et il faut dire que Jessie Burton a le sens du romanesque. C’est l’histoire d’Élise (la mère), de sa relation passionnelle avec Connie (une autrice à succès) et de Rose la fille d’Élise qui cherche désespérément à comprendre pourquoi cette dernière l’a abandonnée alors qu’elle n’était encore qu’un bébé. C’est un livre qui nous parle de quête d’identité, de filiation et de réalisation de soi, de maternité, d’absence et de fuite. Nous sommes confronté.es aux difficultés rencontrées par Rose pour se construire alors qu’un sentiment d’abandon et qu’un manque à combler dévorant l’habitent constamment. Le résultat est une fiction rythmée, un roman attachant mais force est de constater qu’il sera difficile de faire mieux que Miniaturiste.
Article 353 du code pénal de Tanguy Viel
Un type en met un autre à l’eau. La fin se retrouve au début afin de nous permettre de rembobiner l’histoire. Je ne vous dirai rien de l’article 353 du code pénal et n’allez pas vous renseigner sur le sujet si jamais vous décidez de lire ce roman, cela vous gâcherait tout le plaisir de lecture.
Le récit se déroule intégralement dans le huis-clos du bureau d’un juge où un homme raconte son histoire, celle qui l’a conduit à tuer un autre homme. Cette histoire, c’est l’« affaire Lazenec » – du nom du promoteur immobilier Antoine Lazenec, dont on a repêché le corps sans vie.
C’est un livre atypique, prenant et touchant. Un récit au rythme très particulier, au caractère très oral où il est question de moral et de justice. C’est un livre qui m’a agréablement surprise, auquel je n’aurais je pense pas donné sa chance si on m’avait raconté le pitch intégralement. Une très bonne surprise pour faire court.
Je termine avec Amours de Léonor de Recondo, Prix des libraires en 2015.
Nous sommes au début du siècle en 1908, un peu avant la première guerre mondiale dans une petite ville de province où les femmes sont les personnages principaux. D’un côté nous trouvons Victoire, la bourgeoise à qui l’on n’a cessé de répéter qu’elle ne s’accomplirait que lorsqu’elle serait mère et qui vit dans l’attente de cette maternité au côté d’un mari qu’elle n’aime pas. Il y a la jeune bonne Céleste qui est totalement invisible aux yeux des autres mais qui est bien contente d’avoir trouvé une aussi bonne place. Et puis il y a Anselme le mari de Victoire qui se retrouve fréquemment dans la chambre de Céleste, sa femme n’étant pas très « portée sur la chose ». Et ce qui devait arriver, arriva: Céleste tombe enceinte. Victoire comprend très rapidement qu’elle va pouvoir tirer profit de cet « accident » en faisant croire que le bébé est le sien et en décidant de l’élever.
C’est un très joli roman où il est question de méconnaissance du corps et de soi-même, de vacuité mais également et progressivement de révélation et d’émancipation. C’est une magnifique histoire d’amour qui bouleverse les conventions sociales, une histoire de corps oubliés et redécouverts. Un récit sur la naissance de l’amour pour l’enfant qui surgit, du désir et de la maternité. Le style est concis et limpide. Une bien jolie lecture.
J’ai sur ma liste L’inconnu de la poste de Florence Aubenas, Les impatients et Feu de Maria Porchet et bien d’autres…
Et vous?
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