Bonjour les mésanges,
Incroyable mais vrai j’ai repris les bilans de lecture!
Venez voir, l’année commence plutôt bien.
>Le bal des folles, premier roman de Victoria Blas.
Le bal des folles est une expression journalistique/romanesque. Elle correspond à une activité de loisirs proposée aux patientes (on disait alors plutôt folles, internées) et organisé à la mi-carême à la Salpêtrière, hôpital parisien qui était une véritable petite cité au sein du 13ème arrondissement.
En 1880 l’hystérie devient une maladie nerveuse. Un certain Charcot pense que l’origine des maladies nerveuses est organique. C’est dans ce contexte qu’est créée une nouvelle spécialité: la neurologie et qu’il tente de traiter l’hystérie, notamment par l’hypnose. Des cours sont donnés tous les mardis, véritables séances d’hypnose publiques dans l’auditorium de l’hôpital de la Salpêtrière. Voilà pour le contexte.
Le récit qui se déroule à La salpêtrière en 1885 s’articule principalement autour de 2 personnages féminins. D’un côté, nous avons Geneviève, infirmière dévouée depuis 20 ans, intermédiaire entre les médecins qu’elle admire et les aliénées qu’elle a consciemment désincarnées et qui va voir ses convictions ébranlées.
Et de l’autre Eugénie, jeune femme internée par sa famille alors qu’elle ne souffre d’aucun trouble neurologique mais qui dérange son père (elle voit les morts, ça fait mauvais genre) car elle représente une menace pour l’équilibre familial.
Je vous la fait très courte mais ce récit s’achève beaucoup trop vite. Quel dommage! L’aspect historique est vraiment très léger, l’action est malheureusement prévisible mais surtout, tout est beaucoup trop rapide. La thématique et le contextes sont particulièrement intéressants mais à peine survolés. Un sujet en or transformé en pseudo discours féministe convenu, moi ça m’agace. Après je ne peux pas dire que j’ai passé un mauvais moment, j’ai même dévoré le livre mais je reste cependant grandement sur ma faim. Et le style aux nombreuses répétitions est un peu faiblard.
[J’ai trouvé deux podcasts sur France Culture pour pallier à ma déception]
>Le problème Spinoza de Irvin Yalom (prix des lecteurs du Livre de poche 2014)
La construction du livre repose sur une alternance temporelle qui fait se côtoyer deux personnages qui n’ont à priori rien en commun. On se ballade ainsi de chapitre en chapitre aux Pays Bas du XVIème avec Spinoza et au début du XXème siècle pendant la montée du nazisme avec Alfred Rosenberg, membre du parti nazi et proche d’Hitler.
Quel lien entre ces deux personnages? La fascination qu’exerce Spinoza sur celui qui deviendra un des théoricien du nazisme. Cela peut faire peur et ne pas emballer mais l’ensemble est astucieux, d’une grande fluidité et subtilement amené. Le livre est assez épais mais facile à lire et m’a permis de découvrir la pensée (vulgarisée et très accessible) de Spinoza, philosophe et libre penseur. C’est un livre passionnant dont on sort grandi.es à mettre à mon sens entre toute les mains.
Le treizième conte de Diane Setterfield
Vida Winter, autrice aux nombreux bestsellers, s’est inventé plusieurs vies à travers des histoires rocambolesques sorties de son imagination et disséminées à l’occasion des nombreux interviews qu’elle a pu donner. Aujourd’hui âgée et malade, elle souhaite finalement lever le mystère sur sa vie et choisit comme biographe la jeune Margareth. Pitch de départ plutôt sympa qui augure rebondissements et secrets enfouis, si on adhère au postulat que les romancier.eres à succès sont forcément destiné.es à des vies incroyables. Des secrets ici il en a effectivement à la pelle mais malheureusement les personnages sont brossés à gros traits et les intrigues tirées par les cheveux, le tout saupoudré d’ambiance pseudo gothique et d’imaginaire un poil gnan-gnan. La thématique de la gémellité est utilisée de manière peu habile et peu subtile. Il s’agit du dernier des livres reçus avec la kube mensuelle de laquelle je m’étais désabonnée. Sans regret.
>Yoga d‘Emmanuel Carrère. Édition POL (clic)
Je ne parlerai pas des controverses qui ont fleuri après sa publication. Je ne prendrai pas partie. Les auteurs sont libres de raconter leur vie comme ils veulent. Le lecteur n’est pas là pour le juger. D’ailleurs à quel titre le ferait-il? Le lecteur donne son avis sur un livre, une écriture, un style, un ressenti.
Alors que le livre se veut autobiographique, l’auteur avoue que tout n’est pas rigoureusement exact. Il faut l’avoir en tête ou non. Quelle importance? D’Emmanuel Carrère je n’ai lu que La moustache, La classe de neige et Le Royaume dont je vous avais parlé ICI. Ils ont suffi pour qu’il gagne mon respect.
L’auteur qui assume être « un écrivain du Je » nous raconte son expérience du yoga, d’une retraite interrompue par les attentats à Charlie Hebdo, de son internement à Saint Anne, de ses plongées dans la dépression. Récit qui serait ennuyeux chez d’autres écrivains mais que j’ai trouvé intéressant parce ce qu’ici tout glisse et s’enchaine dans une grande fluidité. Je l’ai ouvert pour le refermer terminé. Cul sec. Alors effectivement tout le monde n’accrochera pas mais je pense qu’il faut le lire sans à priori et se laisser emporter.
Pour les curieux retrouvez un Podcast de France Culture où l’auteur parle de son livre ICI.
La gifle de Christos Tsiolkas
Il y a quelque temps j’ai repéré la série La gifle adaptée du roman éponyme. Avant de la visionner j’ai eu envie de lire le bouquin. Pitch: lors d’un pique-nique qui rassemble amis, collègues et famille, Hugo 4 ans se prend une gifle par une adulte qui n’est pas son père. Ce geste va diviser les différents protagonistes pendant…650 pages. Maintenant que j’ai fini le livre, je n’ai plus aucune envie de voir la série. Quel ennui! Ce pavé indigeste et décevant souffre de longueurs et d’absence total de style. Chaque chapitre est consacré à un personnage, procédé vu 1000 fois mais qui présente l’avantage de donner un léger rythme à l’ensemble. Malheureusement les personnages ne génèrent aucune empathie ou intérêt. Déception.
Serge de Yasmina Reza [C’est mon premier Yasmina Reza].
C’est l’histoire d’une chronique familiale, celle d’une fratrie: Nana, Serge et Jean le narrateur. Il est questions de liens familiaux qui enchainent, de rancunes, de la mémoire beaucoup et du vieillissement surtout. Ce quotidien qui peut sembler banal et anodin est ici attachant, émouvant et rend mélancolique. Je reste bluffée par l’intelligence de la construction, la beauté des phrases, le comique de certains dialogues. C’est un jolie découverte et une belle surprise que j’ai dévorée.
Un mois de janvier riche en lectures et découvertes. Cela fait un bout de temps que je n’avais pas réussi à lire autant. Un bilan plutôt positif. Il ne me reste plus qu’à continuer sur ma lancée.
Comme toujours vos conseils sont attendus.
A bientôt,
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