All Mad(e) Here

Bonjour les petits moineaux,

Aujourd’hui j’ai eu envie de vous parler de Peine perdue d’Olivier Adam.

4 mois ont été nécessaires pour que le livre soit disponible à la médiathèque (!) et pour que je puisse enfin le lire et partager mes impressions avec vous.
« Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage« .

C’est un article du Nuage de Un nuage une plume, qui m’a donné envie de me plonger dans ce livre. A mon tour de vous convaincre de le lire!

La structure du roman nous offre un mode narratif où l’intrigue est successivement prise en charge par les différents protagonistes.
Soit ici une découpe en 23 chapitres où chacun porte le nom d’un personnage.
Enfin presque.
Primo, l’auteur consacre deux chapitres à Antoine qui mène la danse en inaugurant & en clôturant le roman. (La boucle est alors bouclée).
Deuzio (^^), un chapitre s’intitule « l’équipe » et fait référence à l’équipe de foot amateur dans laquelle Antoine évolue.

Tout commence donc avec le récit du passage à tabac d’Antoine, gloire du football local, qui est laissé pour mort devant l’hôpital de la station balnéaire du Var où il vivote.
Nous sommes  hors-saison, la ville et les locaux végètent dans une torpeur un peu glauque & mélancolique. Les villas sont fermées, les manèges sont bâchés, les parasols repliés et les transats rangés. La frénésie estivale est encore loin. Il reste les locaux, les saisonniers, qui font ces villes au quotidien.
Cependant le décor est tellement bien planté, les couleurs et les odeurs si bien retranscrites qu’on s’y croirait presque : laurier rose, eucalyptus, mimosas, résine qui suinte des pins et paillotes.
En parallèle à cette agression qui demeure inexpliquée, une tempête s’abat brutalement sur la station.
Ces deux évènements vont secouer la petite communauté à des degrés divers et mettre en exergue le fait que les personnages subissent leur vie plutôt que de la choisir.

Revenons à Antoine.
Antoine est une tête brûlée, un sanguin, un incontrôlable, à la fois fragile & irritable.
Antoine bouillonne en permanence. C’est un produit inflammable prêt à exploser qui multiplie les embrouilles.

Autour de lui gravitent son père Serge, sa sœur Louise, une jeune fille paumée Léa, son ex-compagne Marion, son ami d’enfance Jeff…
En tout 22 autres protagonistes qui avancent ou plutôt qui continuent à avancer vaille que vaille avec un courage assez bouleversant malgré le chômage, la précarité, la solitude, l’angoisse et la détresse.
Des personnages paumés, hantés, désenchantés, malheureux, issus de la « France majoritaire » brossés ici sans condescendance.
Charles Aznavour s’est fourvoyé, clairement, la misère n’est pas moins pénible au soleil.

Dan ce roman sur la France du XXIe nous observons la mer qui se déchaine tandis que les personnages tentent quant à eux de garder la tête hors de l’eau.

Dans cette mosaïque l’auteur décortique les différents liens qui unissent les protagonistes. Ces liens sont familiaux, sociaux ou intimes et évoluent face au temps qui passe et à la difficulté de trouver sa place dans la société.
« C’est un long apprentissage parfois que de savoir rejoindre enfin la vie qui nous va« .
La volonté de l’auteur était d’ « Être le scribe d’une certaine France et de ne pas avoir peur de mêler le romanesque aux préoccupations sociales« .

Ici le héros n’est pas un personnage unique, ce n’est pas seulement Antoine mais toute la collectivité qui évolue autour de lui, une somme d’individus autonomes poursuivant des buts personnels qui se croisent et s’entrecroisent, parfois depuis longtemps.
Chaque chapitre nous offre à la fois un focus sur un personnage tout en reprenant la suite de leur histoire commune.

Le tout est brossé avec justesse, acuité et empathie, dans un style ciselé et concis qui n’empêche pas une grande émotion.

Une écriture pure, extrêmement visuelle et entrainante dans laquelle j’ai plongé avec bonheur.

Au-delà de ces portraits, la succession des chapitres va permettre au lecteur de comprendre ce qui s’est passé et ce qui a engendré le passage à tabac d’Antoine.

C’est mon premier Olivier Adam aussi je ne pourrai pas le rattacher aux précédents et faire des comparaisons.

Ce qui est certain c’est que j’ai très envie de me plonger dans ses autres ouvrages.
Chouette & prometteuse découverte.
Merci le nuage!

N’hésite pas toi aussi derrière ton écran, oui toi, à me faire part de tes coups de cœurs et de tes impressions!
A bientôt