Ce documentaire en salles depuis le 2 juillet nous raconte l’histoire d’une mystérieuse nounou, reconnue aujourd’hui comme l’une des plus grandes street photographers du XXème siècle.
Ou comment la découverte fortuite d’un habitué des brocantes & salles de ventes a sorti de l’anonymat une photographe de génie.
En 2007, John Maloof (réalisateur de ce documentaire) habitant de Chicago, écrit sur son temps libre des ouvrages sur l’histoire de la ville.
Il parcourt les salles de vente afin de dénicher des clichés d’époque & d’illustrer à moindres frais son prochain livre qui aura pour thème le quartier de Portage Park.
Il achète dans ce but et pour moins de 400 dollars, un lot conséquent de négatifs, pellicules & photographies, mis aux enchères suite à sa saisie dans un entrepôt dont la location n’était plus payée.
Quand il achète ce lot il ne sait pas précisément ce qu’il contient, mais qu’à cela ne tienne!
Grand habitué des brocantes & vide-greniers en tous genres, il espère simplement trouver des clichés exploitables et intéressants du quartier.
Celui qui se targue d’avoir le nez creux quand il s’agit de repérer la bonne affaire, achète un lot qui contient plusieurs dizaines de milliers négatifs, des tirages papier et des pellicules non développées qui se révélera au final décevant, n’offrant aucun cliché de Portage Park.
Il remise alors les cartons au fond d’un placard pendant plusieurs mois avant de s’y intéresser de nouveau.
En se replongeant dans cette masse imposante de documents, il décide de développer quelques pellicules, de réaliser quelques tirages, et s’aperçoit très rapidement que la qualité des clichés est digne des plus grands photographes et que c’est finalement un véritable trésor dont il est l’heureux propriétaire!
Il part alors à la recherche de cette mystérieuse personne, auteur de ces formidables clichés et s’investit totalement dans sa quête.
Tel un détective il va tenter de reconstituer un puzzle et d’éclaircir un mystère.
Le documentaire suit le processus et les étapes de ses recherches.
Il met pratiquement un an à trouver le nom de l’auteur des clichés : Vivian Maier, en dépouillant chaque document contenu dans les cartons.
Il passe près de 2 ans à collecter et rassembler l’ensemble de son œuvre ( Il cherche & retrouve les acheteurs des autres lots qu’il rachète et acquiert au total plus de 100 000 négatifs).
Le mystère s’éclaircit doucement: Née à New York de père autrichien et de mère française, Vivian Maier exerça pendant presque 40 ans le métier de gouvernante d’enfants.
Ironie du sort il finit par retrouver sa trace en 2009, quelques semaines après sa mort, et récupère ce qui restait d’elle, soit un véritable capharnaüm conservé dans un garde meuble. Cet amoncellement de documents va lui permettre d’approfondir ses recherches et de retrouver davantage de personnes ayant connu Vivian ( Avant tout des enfants dont elle a été la nounou et les parents de ces derniers).
Il va rencontrer et interviewer ces personnes, parvenant ainsi progressivement à reconstituer sa vie et à cerner davantage sa personnalité.
Ces interviews ponctuent le documentaires et sont très souvent contradictoires quant aux souvenirs laissés par Vivian et à ses traits de caractère. Les deux qualificatifs qui reviennent cependant le plus souvent sont excentrique et secrète.
Ces témoignages révèlent également la part d’ombre de la nounou.
Après classement & tentative d’archivage, il s’avèrera que Vivian Maier aura pris plus de 150 000 clichés des années 1950 aux années 1980.
Dès qu’elle le pouvait, appareil vissé au coup, elle partait photographier la vie quotidienne de la rue et de ses habitants: les enfants, les badauds, les travailleurs, les gens de la bonne société comme les indigents.
La photo de rue est instantanée, elle saisit l’instant décisif cher à Cartier-Bresson.
On compte également un grand nombre d’autoportraits, au reflet démultiplié, à l’ombre projetée.
Ce documentaire n’est pas sans défauts , un peu maladroit dans sa forme et usant parfois de procédés un tantinet racoleurs.
Je pense avant tout aux témoignages des enfants devenus adultes dont elle avait la charge.
Cependant il faut lui reconnaître le mérite de nous faire découvrir une œuvre d’une émotion, d’une originalité et d’une sensibilité inouïes.
Le mystère n’est pas totalement résolu cependant. Un sentiment de perplexité fascinante demeure.
Une question se pose à la fin du documentaire: Pourquoi Vivian Maier a t-elle photographié de manière aussi frénétique voire obsessionnelle, sans avoir cherché à développer, voir et partager ses photos?
Vivian Maier photographe amatrice & naïve? Pas si sûr……
Belle journée!
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